vendredi , 3 mai 2024
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Réaliste mais optimiste, le premier ministre de la HAT refuse de céder à la panique à propos de la situation économique à Madagascar. Les voyants seraient encore orange. Monja Roindefo accuse les opposants aux autorités de fait d’alimenter la psychose d’une crise résultant des probables sanctions internationales.

Crise économique : la positive attitude de Monja Roindefo

Le gouvernement Roindefo veut montrer que la situation économique reste sous contrôle. La première mission, selon le premier ministre, est la création d’un climat de sécurité propice aux activités économiques. « Il y a une psychose, reconnaît-t-il. Les opérateurs économiques font de la rétention de stock, ils n’investissent pas, les malgaches veulent être prévoyant et ne consomment pas ».

Selon Monja Roindefo, c’est cette psychose qui est la première responsable du ralentissement économique. « Les nationaux contribuent aux 60% du PIB », rappelle-t-il. Le premier ministre de la mouvance Rajoelina reconnaît que les prévisions de recettes sont loin d’être atteintes. « Quand le malaise politique entre la HAT et les autres mouvances est apparu, les aides budgétaires ont été suspendues comme d’autres financements tel le FID, alors que ceux-ci figurent dans le schéma macroéconomique », explique-t-il.

Par une mesure d’austérité sans précédentes, le gouvernement Roindefo a jusqu’ici essayé de limiter les dégâts. La réduction drastique des dépenses publiques a été la seule option possible pour atténuer le déficit budgétaire. « Le gouvernement a déjà mis en place un plan de relance économique, rappelle Monja Roindefo. L’élan a été coupé en raison du malaise politique et les accords de Maputo I ».

Dans sa relation tendue avec les bailleurs de fonds, les autorités de la transition de fait essaient de positiver le conflit. « Dire que les aides seront coupées et que Madagascar fera l’objet d’un embargo ne vise qu’à faire peur à la population », se plaint Monja Roindefo. Il essaie de ramener tout au non déblocage d’une aide du FMI fin 2008, affirmant que l’appui des bailleurs de fonds était déjà coupé sous Ravalomanana.

La stratégie de la HAT consiste à jouer la carte de la souveraineté nationale et prendre de haut les bailleurs de fonds car « c’est l’Etat malgache qui paiera ». Monja Roindefo évoque la nécessité de changer le système des aides internationales. « Les 70% du financement reviennent aux bailleurs de fonds sous forme de prestation de service ou d’achat de matériels », regrette-t-il. Le premier ministre de la HAT estime qu’il faudra négocier pour que ce soit la partie malgache qui bénéficie le plus des retombées du financement.

Monja Roindefo n’écarte pas de faire de l’interventionnisme pour réguler certains secteurs. Le gouvernement de la transition ne veut pas que les prix du riz ni celui des carburants flambent, promesses sur la place du 13 mai obligent. Le premier ministre montre du doigt la guéguerre entre les sociétés pétrolières qui a un impact négatif sur la distribution de carburants. Il dénonce la pénurie artificielle du riz, affirmant que le stock disponible est suffisant. 

« C’est un cercle vicieux, les opérateurs revendiquent la liberté d’entreprendre alors qu’ils font de la spéculation », souligne le premier ministre. Monja Roindefo se dit être prêt à appliquer le droit régalien pour intervenir sur un secteur économique si la population en souffre. Le spectre d’une économie dirigée pourrait refroidir encore plus les investisseurs.