mardi , 7 mai 2024
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Le Secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines Karl Wycoff est attendu à Madagascar début novembre 2010. Les Etats-Unis sont préoccupés face à l’enlisement de la crise malgache, une crainte amplifiée par l’avancée de l’initiative unilatérale adoptée par la HAT. Pour l’administration Obama, seule une solution consensuelle devrait ramener Madagascar sur la voie de la démocratie.

Crise malgache : une nouvelle médiation américaine ?

Karl Wycoff n’est pas en terrain conquis, loin s’en faut. Le Secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines vient à Madagascar pour apporter un appui dans la recherche d’une solution consensuelle et inclusive dans la résolution de la crise politique et institutionnelle. Il va pour ce faire rencontrer le président de la HAT, Andry Rajoelina, et d’autres acteurs politiques protagonistes de la crise.

Il n’est pas encore sûr qu’une véritable médiation américaine puisse voir le jour. « Les Etats-Unis appuient les démarches de la SADC pour oeuvrer de concert avec l’Union Africaine pour remettre en train le processus politique » avait déclaré Karl Wycoff au début de l’année 2010.

La position des Etats-Unis a toujours été en faveur de l’application des accords signés à Maputo et Addis Abeba. En janvier 2010, Karl Wycoff s’est illustré par sa déclaration sur l’application des sanctions « si les acteurs de la politique malgache continuent d’entraver le retour à un gouvernement constitutionnel, c’est à dire le retour aux accords de Maputo et d’Addis Abeba ». Il insistait à l’époque à la réinstallation du premier ministre de consensus, Eugène Mangalaza.

C’est la première fois que les Etats-Unis d’Amérique envoie un émissaire à Madagascar dans le cadre de la résolution de la crise. Cette mission diplomatique coïncide avec une situation politique incertaine à Madagascar, les élections imposées par la HAT pouvant instaurer une république de fait et étouffer la crise, sinon attiser les tensions avec le risque d’implosion. Les Etats-Unis ont toujours été contre les initiatives unilatérales de l’autorité de fait malgache.

Si Paris a opté pour un repli stratégique pour ne pas froisser la communauté internationale, Washington passe à l’offensive pour essayer de débloquer la situation. L’administration Obama ne reconnaît pas ou ne cautionne pas la feuille de route unilatérale de la HAT. Elle ne reconnaîtra pas de facto les élections ou consultations populaires que l’autorité de fait essaie d’organiser.

Les « américains » sont-ils les bienvenus à Madagascar en cette période de transition ? En raison d’une position clairement contre l’autorité de fait, des sanctions coûtant à la Grande Ile l’éligibilité à l’AGOA, un froid diplomatique traduit par l’absence d’un ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique à Antananarivo, Washington est la bête noire de la HAT… La propagande anti-américaine a toutefois cessé depuis le départ de l’ambassadeur Niels Marquardt accusé par les pro-Rajoelina d’être un proche du président élu Ravalomanana.

Restés aux côtés du président Ravalomanana durant les jours précédent l’éviction de celui-ci, Niels Marquardt avait certes démenti la présence de militaires autour d’Iavoloha. Les Etats-Unis ont toutefois condamné le changement anticonstitutionnel de gouvernement. L’ambassadeur américain de l’époque aurait conseillé au président Ravalomanana de démissionner et donner le pouvoir au président du Sénat afin que le peuple puisse trancher très vite par une élection présidentielle. Les Etats-Unis étaient prêts à appuyer par tous les moyens cette transition prévue par la Constitution malgache. Le pays de Barack Obama n’a pas pour autant tout fait pour empêcher la transition de fait.