samedi , 11 mai 2024
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Excès de zèle du service de Communication ou une politique de dissuasion de la presse, le droit de réponse de la HAT au quotidien Midi-Madagasikara est particulièrement agressif pour une faute qui puise sa gravité dans la réaction d’une institution qui se sent attaquée. Tout cela parce que dire que Andry Rajoelina a annulé des déplacements dans les régions où il y avait des manifestations d’opposition serait préjudiciable pour l’image du chef de l’autorité de fait.

Délit de presse : la HAT met la pression sur les médias

Contrairement à ce que le journal Midi-Madagasikara a écrit dans son édition du 03 juillet 2010, Andry Rajoelina n’a jamais annulé ni raté un déplacement à Tuléar. « A aucun moment, la Présidence de la République de la Haute Autorité de la Transition, et encore moins sa Direction de la Communication, n’ont point informé au préalable la presse nationale d’un quelconque projet de mission du président Andry Nirina Rajoelina devant être menée à Toliara et à Soanierana ». La réaction du service de Communication de la HAT ne se limite pas à cette précision d’ordre informatif.

« Ayant annulé ses déplacements hier dans le chef-lieu de la région Atsimo Andrefana, le président de la HAT, Andry Rajoelina, a raté sa première tournée régionale », telle est la phrase qui illustre l’affront par l’article incriminé. Pour le service de Communication de la HAT, cela « relève d’une mauvaise foi, manifeste et incontestable, de l’auteur dudit article ». Andry Rajoelina n’a rien raté, c’est officiel. « Une mission présidentielle, fruit de la pure imagination du journaliste dont il s’agit, n’est logiquement pas ainsi à annuler, comme ce dernier le prétend à tort ».

Menace de poursuite

Le « pour si peu » n’existe pas quand on égratigne la HAT, l’image angélique de l’homme fort de la transition et la popularité de celui-ci. Le service de Communication brandit la menace de poursuite, évoquant la Loi n°90-031 du 21 décembre 1990 sur la Communication. Le journaliste de Midi-Madagasikara est, selon l’accusateur, fautif « d’avoir proféré ainsi de l’outrage et de l’offense à la première Institution de la République…, sans souffrir de la moindre discussion, de la propagation de fausses nouvelles ». Il n’y a pas que le journaliste qui est la cible de cette intimidation. « Bien évidemment, son Directeur de Publication ne peut également pas se dérober à ses responsabilités pénales, tirées de cet article ».

« Publier des assertions fausses et mensongères » sont aux yeux de la police des médias de la HAT des pratiques qui « relèvent, sans conteste, du pur délit de presse, sans que quiconque ne puisse crier à une quelconque entrave à la liberté de presse, dans le cas où des poursuites judiciaires sont ouvertes pour sanctionner leurs auteurs ». « Dans le cas où », ce droit de réponse s’annonce comme un dernier avertissement.

Crise des médias

La porte de la HAT et de son service de Communication est officiellement ouverte aux journalistes et médias les moins complaisants. Qu’il en soit ainsi. Gare à ceux qui ont recours à des sources non autorisées auprès de l’institution, les journalistes doivent se contenter de ce que leur servent les communicateurs d’Ambohitsorohitra. « La mauvaise foi », c’est le terme favori des journalistes de la HAT qui ont contribué à médiatiser le mouvement populaire visant à renverser le président élu sur fond de propagande qui dépasse la question d’éthique et de déontologie.

Paradoxalement, ce sont ces journalistes qui se sont mariés avec le pouvoir, officialisant leur connivence et leur complaisance par une fonction officielle, qui donnent la leçon et font la police. La crise du journalisme malgache est telle que tout personnalité ayant du pouvoir exige au nom du recoupement que sa version de l’information, la plus officielle, soit la seule à être publiée. Les journalistes sont priés de se limiter à la propagande des autorités à tous les niveaux.