dimanche , 5 mai 2024
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La situation financière de Madagascar risque d’empirer à la suite d’une grève initiée par les agents de la Banque Centrale et les fonctionnaires du ministère des finances et du Budget.

Des agents du ministère des finances et de la Banque Centrale en grève

Si, au départ, la grève entamée par les agents de la Banque Centrale était censée n’avoir aucun lien avec le mouvement des partisans de Marc Ravalomanana, la situation évolue assez vite et les mêmes agents revendiquent aussi un retour de Madagascar à l’ordre constitutionnel. Les grévistes ont commencé par dénoncer les « pressions » qui pèsent sur les agents et les responsables de la Banque Centrale de Madagascar. En effet, le gouverneur en personne, Frédéric Rasamoely, est depuis quelques semaines frappé d’une mesure administrative d’interdiction de sortie du territoire de la Grande Ile pour soi-disant des manœuvres de mobilisation de fonds durant la présidence de Marc Ravalomanana.
Un comité pour la protection du statut et de l’indépendance de la Banque Centrale de Madagascar a été ainsi créé. Selon Aina Razafindrakoto « Le Comité a décidé de faire un sit-in pour défendre corps et âme l’indépendance de la Banque centrale ». La grève a été entamée le 7 avril. Les agents de l’institution financière annoncent également à cet effet la suspension du Marché  Interbancaire des Devises.
Sans solution urgente, la grève de la Banque Centrale risque de perturber fortement le fonctionnement du système monétaire malgache. Sans parler des risques potentiels de pénurie de devises et leurs conséquences fâcheuses sur les opérations d’importation.
« Pourquoi cet acharnement sur les employés de la Banque Centrale alors qu’ils ne font que leur métier conformément aux textes en vigueur » s’exclame un agent. « L’argent que les Malgaches ont en poche, c’est grâce à la Banque Centrale » poursuit-il. Même l’approvisionnement des banques primaires en liquidité risque effectivement d’être perturbé si tant est que la grève continue dans les prochains jours.
Pour leur part, les fonctionnaires du ministère des finances ont ouvertement condamné le « coup d’Etat » initié par Andry Rajoelina, le président de la Haute Autorité de la Transition, et son équipe. C’est ce « coup d’Etat » qui est à l’origine de perte d’avantages sur le point d’être accordés aux agents de l’Etat, souligne un communiqué des grévistes. Ces derniers citent notamment l’augmentation des indices salariaux, la création d’un central d’achat pour les fonctionnaires, la hausse des indemnités de logement et la construction de nouveaux logements sociaux pour les agents affectés dans les localités reculées. Le mouvement constitue un véritable pied-de-nez au gouvernement de Transition qui connaît déjà des difficultés financières consécutivement à la crise politique et à la suspension des aides budgétaires de la part des partenaires de Madagascar.
Pour signifier leur mécontentement, les agents du ministère des finances et du Budget organisent également, depuis le 8 avril, un sit-in devant le ministère. Si le mouvement, ce qui est fort probable, fait tâche d’huile au niveau des autres départements ministériels, l’on assistera bientôt à une situation de blocage de l’administration malgache. Ce qui constitue un vrai danger pour le nouveau pouvoir en place alors que le mouvement de contestation conduit par les « légalistes », qui revendiquent le retour de Marc Ravalomanana à la présidence de la République, se poursuit bel et bien, trois semaines après la prise de pouvoir d’Andry Rajoelina.