vendredi , 3 mai 2024
enfrit
Avec un système financier et bancaire dominé par la France on ne peut s'attendre à de réels changements. D'autres chemins et d'autres méthodes doivent être explorés.

Des carences et des verrouillages

Sans aller jusqu’à compter l’argent qui se trouve dans les poches des particuliers, dans leurs caisses, sous leurs lits ou dans leurs comptes en banques, on doit avouer que beaucoup de personnes, de familles ou de groupes informels disposent d’une richesse non négligeable. Les grandes maisons d’habitation, les appartements et autres immeubles qui jalonnent de plus en plus de quartiers de la capitale sont là et nous interpellent sur la pauvreté des Malgaches. Ces derniers temps, les embouteillages qui reprennent progressivement le dessus dans la capitale nous font redécouvrir les innombrables voitures 4X4 qui ne sont, il est vrai, qu’un autre type d’épargne.

Pour beaucoup d’économistes et financiers, il faut intéresser et orienter cette épargne pour qu’elle soit productive. Cependant, le particulier n’a pas vraiment de choix sinon aucun, mis à part les services mis à disposition du client par les banques françaises, qui pour beaucoup ne sont pas attrayants. Si la banque offre généralement des taux d’intérêt aux alentours de 5 ou 6% l’an, et bien d’autres motivations dans les dépôts, on
comprend que c’est dérisoire par rapport aux intérêts de l’ordre de 11% l’an proposés par le Trésor. Mais qui peut se permettre de répondre aux appels d’offre lancés par le Trésor publique par les Bons du Trésor par Adjudication qui s’élèvent à des centaines de millions, voire à des milliards fmg? On sait pourtant que les dépôts des particuliers auprès des banques primaires font les prêts. On relève aussi les millions de fmg placés dans les chevaux en fin de semaine dans les caisses de société privée étrangère. En tout cas, des financiers et des économistes révèlent qu’il y a quelques familles, quelques groupes financiers, quelques privilégiés qui bénéficient du système bancaire et financier aujourd’hui encore en vigueur et n’expriment aucune volonté de démocratisation du système financier.

On ne peut en effet fermer les yeux sur le monopole dans le business exercé par quelques groupes dans les affaires et les marchés publics, en particulier quand le financement provient de l’Agence française de Développement ou AFD, voire de l’Union européenne. Par la caution bancaire exigée et tout le réseau d’assistance et de bureaux d’études dont ils disposent ces groupes d’affaires accaparent un peu la totalité de l’aide publique française au développement. De ce point de vue l’impôt des contribuables français ne sert plus à aider au développement aux populations des pays en situation de besoin, mais à donner du travail et à enrichir quelques privilégiés. Bien plus, elle ne bénéficie qu’à un groupe d’individus, se trouvant au hasard des écoles fréquentées, ou au hasard des sorties en cabaret à Antaninarenina, dans le centre ville de la capitale, dans le circuit de la manne, et aux banques privées françaises. On avance même dans certains milieux bancaires que c’est le Crédit lyonnais Madagascar qui est le plus performant des Crédits lyonnais dans toute l’Afrique; et pour cause! Il en serait de même du côté du groupe BOA. « Un véritable verrouillage », s’insurgent des opérateurs d’autres nationalités qui ne demandent que l’affluence d’autres financements, notamment américains car à leur avis, le déséquilibre sera alors moins flagrant et moins frustrant.