lundi , 29 avril 2024
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Plus de compromis ni de cohabitation. Malgré les 15 jours de réflexion donnés par le Groupe international de contact aux quatre mouvances politiques, Andry Rajoelina persiste à organiser une élection législative. Il compte ainsi éviter de partager le pouvoir que ce soit avec des co-présidents de la transition ou un chef de gouvernement de consensus, affirmant ne pas vouloir s’éterniser à la tête de l’Etat.

Des élections et pas de cohabitation, la HAT dit non au GIC

Andry Rajoelina, a ressorti son discours sur la souveraineté nationale qui le permettrait de ne pas se plier à la recommandation de la communauté internationale et surtout du Groupe international de contact.  « Le peuple malgache est le seul souverain à décider qui va diriger le pays », dit-il. Celui qui a été élu maire d’Antananarivo  en 2007 ne parle pas pour lui puisqu’il a pris le pouvoir par la rue et avec l’aide d’une faction de l’armée. Andry Rajoelina fait référence au futur gouvernement de transition qui sera issu d’une élection législative. « C’est la majorité qui va déterminer qui va être à la tête du gouvernement de consensus », réitère le président des autorités de fait.

La réponse de la HAT au GIC est sans équivoque : il n’y aura pas de retour vers l’application des accords de Maputo et d’Addis Abeba, soit une transition consensuelle et inclusive. « Quand on a fait toutes les négociations pour trouver un compromis dans la gestion de la transition, on s’est rendu copte que la cohabitation est difficile », se justifie Andry Rajoelina. Ce dernier s’est senti menacé par la mise en place de deux co-présidents de la transition. Il a réinterprété les accords avec les autres mouvances affirmant que Fetison Andrianirina et Emmanuel Rakotovahiny ne sont que les deux co-présidents d’un conseil présidentiel.

Si le manque de précision de l’acte additionnel d’Addis Abeba permet cette approximation, le communiqué officiel parle toutefois de deux « co-présidents de la Transition », un concept devenu tabou pour la mouvance Rajoelina qui s’est rendue compte un peu sur le tard  qu’elle doit effectivement partager le pouvoir. Durant la mission de Jean Ping, le président de la Commission de l’Union Africaine, à Madagascar en janvier 2010, le rôle des deux-coprésidents de la transition sont précisés en leur affectant des domaines précis dont ils seront en charge. Ce qui n’a pas convaincu la mouvance Rajoelina. La HAT et ses alliés risquent encore de perdre gros avec la réinstallation du premier ministre de consensus Eugène Mangalaza, sans parler de la répartition des ministères entre les quatre mouvances et les autres sensibilités.

« L’élection est la seule issue à la crise, persiste à dire Andry Rajoelina. Quand on ne trouve pas le  consensus dans la formation d’un gouvernement d’union nationale, on doit passer par une élection législative ». A noter que les super députés de la HAT auront des missions titanesques : être une assemblée constituante pour changer la Constitution de la république, désigner un premier ministre sorti de la majorité, celui qui devra composer le « gouvernement de consensus » pour le reste de la période de transition.  On voit mal le projet de constitution adoptée avant la formation de ce gouvernement. Après, l’élection présidentielle, le premier ministre de transition sera-t-il retenu comme il sera le cas des députés de l’assemblée constituante. 

Même si la feuille de route de la HAT est un peu brouillonne, il y a de la conviction. Andry Rajoelina tente d’impliquer toutes les forces vives de la nation.  « On ne parle plus de mouvances », précise-t-il afin de noyer les trois anciens présidents dans la masse. Le président des autorités de fait essaie de racoler la société civile et les partis non issus des trois autres mouvances pour donner l’image de consensus et d’inclusion dans sa démarche unilatérale. « Madagascar a la chance d’avoir un jeune dirigeant qui ne veut pas s’éterniser au pouvoir », se félicite Andry Rajoelina. Ce qui signifierait qu’il pourrait ne pas se porter candidat, se contentant de mettre les trois chefs de file, en particulier Marc Ravalomanana, hors course. Andry Rajoelina reviendrait ainsi à sa mission originelle : renverser le président élu et non le remplacer dans la durée.