vendredi , 26 avril 2024
enfrit
Faute de transports, la poste assure le service minimum. Les colis s'amoncellent dans les bureaux, d'autres sont retournés à l'envoyeur

Des tonnes de colis et courriers postaux à distribuer

Depuis le début de la crise politique, la Poste malgache
est réduite à sa plus simple signification: une boîte aux lettres. Des tonnes de colis et courriers à destination des provinces et au départ de la capitale y sont coincés faute de moyens de transports. Leur distribution s’avère être difficile voire impossible, notamment pour les provinces où les barrages antiéconomiques sont installés et où les vols inter provinciaux ont été suspendus. Elle a été plus ou moins facile pour les courriers destinés aux tananariviens. Faute de carburants, les facteurs doivent soit marcher soit aller bicyclette. « Des fois, nous faisons à pied
30 kms par jour pour 5 ou 6 colis »
, déplore un facteur.

Des courriers confiés à des privés

Pour les courriers ordinaires des régions environnantes de la capitale, la Poste, au lieu de les acheminer par leur propre voiture, en a confié la responsabilité à des privés « sérieux », dont des agents de la Poste de passage à Antananarivo. « Nous les connaissons très bien, nous avons confiance en eux, jusqu’à maintenant nous n’avons enregistré aucune perte de courrier. De toutes façons, nous comptons les courriers au départ d’Antananarivo, nous téléphonons ensuite aux receveurs pour confirmer le nombre de correspondances que nous avions envoyées. Le compte est toujours bon », affirme un responsable.
Cette mesure est provisoire. Dès que le problème de ravitaillement en carburant ne se pose plus, la Poste compte reprendre son service le plus vite possible en redéployant ses propres moyens.

Il en est de même pour la distribution de courriers et colis venant de l’extérieur à destination des provinces. Ils sont depuis le mois de janvier amoncelés dans le centre de tri de la Poste. Depuis le moment où l’avion de l’Air Mad est cloué au sol à Paris et où Air France a interrompu ses vols directs, les courriers et colis parvenus via La Réunion ou l’île Maurice sont rares.

La vente de timbres a chuté !

La crise actuelle affecte durement sur les recettes budgétaires et trésorière de la Poste. Le receveur de l’Agence postale centrale d’Antananarivo avoue que ces recettes ont chuté de 75%. La vente des produits a diminué, en l’occurrence les timbres qui constituent pourtant la principale ressource de la Poste. Il en est de même pour des agences postales provinciales. Celle de Mahajanga n’a encaissé depuis le mois de février que 10 à 15 millions Fmg (1500 à 2100
euros) par mois contre 47 à 50 millions par mois (6700 à 7140 euros) en temps normal.

« Les gens achetaient des timbres pour un courrier intérieur, pas pour celui à envoyer dans les autres provinces. Ils étaient en connaissance de cause qu’il n’y avait pas eu de vols reliant Mahajanga à la capitale, que les barrages anti-économiques bloquent leur courrier. Ils préfèrent ne pas en expédier tout simplement ou utiliser d’autres moyens beaucoup plus rapides » déclare le receveur de l’agence de Mahajanga qui pense aux taxis-brousses. « Depuis deux semaines maintenant, la situation commence à se rétablir » poursuit-il.

L’e-mail à la place des timbres !

« Moyens beaucoup plus rapides », dit-il, « les principaux concurrents de la Poste sont sûrement les nouvelles technologies », en l’occurrence l’Internet et le téléphone. Deux secteurs qui sont apparemment épargnés par la crise politique. Poster une lettre présente un risque relatif d’insécurité et une lenteur considérable qu’envoyer des messages par émail. Les cybercafés ne cessent de se multiplier dans les chefs lieux de provinces et les grandes et moyennes villes. La minute de communication sur Internet est de 250 à 150 Fmg (0,03 à 0,02 euro) à Antananarivo et peut aller jusqu’à 1000 fmg (0,7 euro) dans les autres régions de l’île alors qu’une enveloppe timbrée s’acquiert à 1000 Fmg (0,7 euro). Pour l’usager « branché », le choix est vite fait.

Dts (Data Télécom Service), premier fournisseur d’accès à Madagascar a connu durant ces 4 mois de crise une hausse d’abonnement allant de 30%. Malheureusement, la majorité des Malgaches n’y ont pas encore accès. Ils ne connaissent que le timbre et les taxis-brousses.