vendredi , 3 mai 2024
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Suite au dialogue politique à Antananarivo, le rendez-vous annuel donné par l’UE au gouvernement malgache afin de discuter des accords de Cotonou, la HAT a été convoquée à Bruxelles. Une occasion pour Andry Rajoelina de persister dans sa « transition de fait » et d’affirmer sa version de l’histoire et la légalité de ce qui a été jusqu’ici qualifié de coup d’Etat.

Dialogue politique : la HAT armée pour persuader l’Union Européenne

La composition de la délégation conduite par Andry Rajoelina pour le dialogue politique avec l’UE à Bruxelles témoigne de l’enjeu… politique de cette ultime chance de reconnaissance pour la HAT, sans passer par les négociations et le marchandage entre malgaches. Si la présence de son ministre des Affaires Etrangères, Ny Hasina Andriamanjato est indispensable, l’on peut s’interroger sur l’absence des membres du gouvernement à la charge des portefeuilles à vocation économique tels les finances, l’économie, le commerce…

Le dialogue politique n’aura jamais porté aussi bien son nom. A preuve, Andry Rajoelina emmène avec lui deux acteurs et témoins de la crise politique et du changement du pouvoir extraconstitutionnel à Madagascar en mars dernier. Il s’agit du Vice-Amiral Hyppolite Ramaroson qui devait diriger le directoire militaire à qui le président élu Marc Ravalomanana a confié la mission d’organiser de nouvelles élections, et de Norbert Ratsirahonana, le mentor et conseiller spécial de Rajoelina. L’ancien chef d’Etat à la tête d’une période de transition au milieu des années 1990 a joué un rôle de facilitateur afin de donner une apparence politique et légale au coup de force le 17 mars 2009 par des militaires mutins acquis à la cause du TGV.

La HAT devra argumenter pour prouver la légalité de sa prise de pouvoir et de son régime après presque quatre mois de contestation. La ministre de la Justice, Christine Razanamahasoa, aura à plaider sur les dossiers contre le président Ravalomanana afin de justifier le coup d’Etat. Gilbert Raharizatovo, ministre de la Communication et de la Culture, sera de précieux conseils, lui qui s’est montré très à l’aise dans l’analyse des relations internationales.

Hajo Andrianainarivelo, ministre de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation, est aussi du voyage. Est-ce en tant que technicien afin d’évoquer le partenariat européen dans ce domaine. En tout cas, sa présence semble moins justifiée que celle de Onitiana Realy, la journaliste de la TV Plus. Cette chaîne privée proche de Ratsiraka bien qu’elle s’en défende, a participé à la réussite du mouvement populaire des TGV, étant l’une des premières à marteler à la télévision que le président se nomme Rajoelina et le premier ministre Roindefo. Elle contribue toujours à la propagande de la HAT, jusqu’à redorer l’image de l’armée et des anciens mutins qui y jouent toujours les premiers rôles. Madame Realy, rédactrice en chef de son état, est la seule journaliste emmenée par Annick Rajaona, la porte-parole de la Présidence de la HAT.

Au dialogue politique de Bruxelles, l’Union Européenne va demander des comptes à la HAT sur l’évolution de la situation vers le retour à l’ordre constitutionnel à Madagascar. Ayant quitté les négociations sous l’égide du Groupe international de contact avec l’Union Africaine, les autorités de transition essaient de faire bonne  figure. Cinq nouveaux sièges à la HAT sont proposés au parti TIM. Un nombre volontairement petit pour signifier que le parti de Marc Ravalomanana est virtuellement minoritaire et surtout pour être sûr de pouvoir les recruter. Ce n’est pas vraiment la transition consensuelle et inclusive que les malgaches et les membres de la communauté internationale espèrent.