dimanche , 28 avril 2024
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Les rencontres préliminaires au dialogue national ou « Dinika santatra » n’ont jamais eu de vocation à résoudre la crise politique. Elles s’inscrivent dans un processus monté par l’autorité de fait pour légitimer une feuille de route qui n’a pas pu être imposée. A défaut de sortie de crise, le régime Rajoelina veut une sortie de transition. Pour cela, il doit toujours fabriquer un consensus et une supposée neutralité après un premier échec.

« Dinika santatra » : le plan B de l’autorité Rajoelina

Les consultations de membres d’association issues de la société civile ont révélé que le débat n’était pas de haut niveau. Quand les citoyens sont invités par les autorités à faire des propositions pour étouffer les politiciens du camp adverse, la mascarade est flagrante. Ce que la HAT peut espérer avec ces « Dinika santatra », c’est que l’on reconnaisse son désengagement dans sa campagne pour la reconnaissance nationale et internationale.  Après les assises nationales, les conférences régionales, l’atelier du Consensus élargi « Teny ifampierana », cette énième rencontre au niveau des districts n’aurait servi qu’à recueillir des milliers de propositions pour l’avenir de la nation.

Les « Dinika santatra », ont été axés principalement sur la future Constitution. Il faut mettre ceci et cela dans la loi fondamentale, les propositions ont fusé. Le comité consultatif constitutionnel attend encore des résolutions de ces rencontres apolitiques pour finaliser son projet constitutionnel. L’amnistie et la réconciliation nationale ont été abordées. Ces thèmes ont pu  donner une idée sur la prédominance de la société civile pro-HAT dans l’assemblée. Le jeune parti TGV ne s’est pas caché pour soutenir le chef de l’autorité de fait.

Ces « Dinika santatra » étaient une occasion pour défendre le statut de super président de Andry Rajoelina et sa position à propos de la suite de la transition. « Je n’accepterais jamais que l’on rallonge la transition », devait déclarer l’élu maire d’Antananarivo à Mahajanga. Le TGV propose donc d’intégrer dans la HAT, le faux sénat qui regroupe l’ancienne mouvance Rajoelina, d’autres sensibilités politiques.  Selon le parti qui a accédé au pouvoir central par une élection municipale, on aura alors un organe de contrôle de l’exécutif. On s’étonne que l’opposition soit majoritaire au sein de ces parlementaires désignés.

L’autre idée, forcément anti-HAT et anti-Rajoelina de ces « Dinika santatra » est de trouver un consensus politique avant d’envisager les échéances électorales. Le but est de résoudre la crise et de gagner la reconnaissance internationale durant la transition. Ce n’est pas le plan de l’autorité de fait qui mise sur une neutralité supposée et des élections transparentes à défaut d’être démocratiques puisque organisées par un régime issu d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement.

L’autorité Rajoelina et son gouvernement avaient presque juré d’appliquer coûte que coûte les résolutions de l’atelier « Teny ifampierana » organisé en avril 2010. La feuille de route a été recalée. Cette fois-ci, les « Dinika santatra » ont moins d’ambition politique. Aucune décision ni résolution ne sera établie mais juste des propositions. Est-ce que la HAT a réussi à faire croire en sa neutralité et aussi à fabriquer un consensus, rien n’est moins sûr alors que de ces deux critères dépendra la légitimité du dialogue national. Le tout nouveau comité national des organisations de la société civile ne fait pas d’illusion sur l’impact de ces « Dinika santatra » et du dialogue national. Il entame des pourparlers pour réunir les politiciens afin de trouver une issue politique à la crise.