jeudi , 2 mai 2024
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Le jugement hâtif du procès de l’affaire 07 février n’a rien d’anormal, c’est la célérité et le timing du tribunal au détriment du respect de la procédure judiciaire qui dérange. En tout cas, ceux qui l’ont souhaité ont obtenu la condamnation du président Ravalomanana, qui n’est pas la première sous la HAT, censée l’écarter définitivement des accords politiques.

Dossier 07 février : procès et verdict ouvertement politiques

La justice devait condamner lourdement Marc Ravalomanana avant la tenue de certaines échéances politiques, c’est désormais fait. Elle a déjà été appelée à le faire mais la nature de faits ni les jugements n’ont été assez crédibles pour mettre définitivement sur la touche le président évincé. L’empressement dans le traitement du dossier 07 février a suscité des doutes quant à l’indépendance de la justice et d’une cour criminelle ordinaire dont la compétence à juger l’affaire est vigoureusement contestée par les avocats de la défense.
 
Le 0 7 février 2009, des éléments de la garde présidentielle ont tiré sur une foule de manifestants qui essayaient de prendre d’assaut le palais présidentiel pour y installer le chef du gouvernement insurrectionnel. Frappé d’une peine de travaux forcés à perpétuité pour complicité dans la « tuerie » d’Ambohitsorohitra, le président évincé dénonce un simulacre de procès. Il appelle la communauté internationale à intervenir dans la crise malgache et à faire pression sur l’autorité de fait. Marc Ravalomanana a qualifié le procès de « ridicule » et la condamnation « à considérer comme nulle et non avenue ».

Accuser et condamner monsieur Ravalomanana comme un voleur n’a pas eu l’effet escompté sur le plan politique, en particulier sur la scène internationale. L’associer à un crime était donc urgent à un moment où la HAT fait une course contre la montre pour sortir de la transition et légaliser enfin le pouvoir. Le président évincé constitue en effet le blocage principal à toutes les tentatives jusqu’ici essayées qu’elles soient malgacho-malgache ou sous la conduite de la communauté internationale. L’accord politique autour de la mouvance Rajoelina officieusement reformée n’aura plus à être validé par les autres protagonistes.

La condamnation du président Ravalomanana devrait donc faciliter la sortie de crise. Ce qui n’est pas l’avis de nombreux observateurs. Finalement, la HAT se condamnerait elle-même puisque que cette victoire judiciaire l’obligerait à faire les choses unilatéralement. De telle procédure a toujours été refusée par la communauté internationale qui exige une transition consensuelle et inclusive. Marc Ravalomanana accuse les tenants du pouvoir actuels de tout faire pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle – le crime n’étant pas amnistiable – et surtout d’influencer les discussions pour la sortie de crise qui est en train d’avoir lieu entre les parties malgaches.

Les politiciens rassemblés autour de l’accord d’Ivato tentent de faire le forcing pour chasser les trois mouvances. La stratégie consiste à débaucher des politiciens ou des partis pour affirmer que les dites mouvances ont été vidé de ses membres. La condamnation au forceps du président évincé devrait alors convaincre la communauté internationale de l’accord signé par les 80% ou plus des partis politiques à Madagascar. Emmanuel Rakotovahiny de la mouvance Zafy a dénoncé la présence des néo-partis pour légitimer la signature par un grand nombre de signataire.

La HAT et l’espace politique qui l’entoure ont en effet appelé tous les partis enregistrés légalement à signer leur accord. Pour relativiser le poids électoral et la légitimité politique, toute formation ayant participé à une élection peuvent signer. Est-ce que ce sera suffisant pour contrer la légitimité des trois mouvances qui ont gagné chacune les présidentielles ? En éliminant les trois mouvances, ces partis pro-HAT auront enfin le consensus et l’inclusivité entre eux-mêmes. Une manipulation de plus qui n’est pas a priori acceptable au niveau de la communauté internationale mais qui pourrait avoir une chance de passer grâce à la condamnation de Marc Ravalomanana. Un autre calcul politique pour un schéma improbable de sortie de crise.