samedi , 27 avril 2024
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Le ministère du Travail et des Lois sociales de la HAT a pris une décision brusque pour se disculper des critiques sur le dossier des travailleuses malgaches au Liban. Aucune autorisation ne sera octroyée et cela même pour celles qui sont en déjà sous contrat mais qui passent leurs vacances actuellement au pays. La mobilisation pour dénoncer « l’esclavage moderne » s’intensifie avec les actions menées par le Syndicat des professionnels du travail social.

Dossier travail au Liban : plainte collective et projet de rapatriement

Malgré les déclarations fermes du président de la HAT et de la ministre de la Population, l’envoi de travailleuses malgaches ont continué après que les médias avaient rapporté le triste sort – décès, maladie, démence – de jeunes femmes malgaches rapatriées du Liban. Pour contourner la suspension de l’autorisation de l’expatriation de travailleuses, les agences font transiter les candidates au départ par l’Ile Maurice. Mais le problème est à Madagascar, selon la présidente du Syndicat des professionnels du travail social. « La police des frontières est désabusée, on dit que l’autorisation est suspendue alors que le ministère du travail, de la fonction publique et des lois sociales continue à délivrer », déplore Norotiana Jeannoda. Elle fait référence à des avis de bonne moralité adressée au ministère de l’Intérieur.

Montré du doigt, le ministère chargé du Travail réagit de manière radicale. Toute autorisation de sortie pour motif de travail vers le Liban est suspendue. Cette mesure s’applique aussi aux quelques travailleuses qui sont actuellement en vacances à Madagascar. La police des frontières appréciera que la mesure soit claire. Cependant, l’efficacité de cette interdiction qui ne s’applique qu’à Madagascar est limitée. Tant que l’île Maurice comme pays transit et le Liban, la destination, ne sont pas impliqués pour faire cesser le départ de jeunes travailleuses malgaches en Moyen-Orient, le départ est toujours possible bien que plus compliqué. L’isolement diplomatique de la HAT ne facilite pas les choses.

Le syndicat des professionnels du travail social est au premier plan pour dénoncer le mauvais traitement et la violence dont sont victimes les travailleuses malgaches au Liban. La présidente Norotiana Jeannoda affirme que les gens ont peur de parler de l’esclavage moderne. Le syndicat travaille sur le plan juridique afin de déposer une plainte collective qui réunit le plus grand nombre de victimes possible. « Cette plainte doit être déposée auprès des autorités car c’est stipulé ainsi dans le contrat de travail de ces femmes », explique Madame Jeannoda. Elle est déposée contre les employeurs et aussi les agences de placement. Le dossier sera aussi porté au tribunal de première instance à Antananarivo. Les agences de placement locales sont visées. Le syndicat des professionnels du travail social veut aussi alerter les autorités malgaches en informant la HAT et le Consul honoraire du contenu de ce dossier.

Le syndicat des professionnels du travail social traite de concert avec des associations quelque 800 dossiers. Norotiana Jeannoda rapporte que 441 demandes de rapatriement ont été formulées. « Sur les 291 qui sont déjà rentrées au pays, seules un dizaine ont fini leur contrat », a-t-elle ajouté. Le président de la HAT avait proposé d’affréter un avion pour rapatrier les jeunes femmes malgaches désireuses de rentrer au pays. Quid de leur contrat de travail. Toutes ne sont pas victimes de maltraitance ou de violence, comme en témoignent les familles qui sont satisfaites de la situation de leur proche au Liban. L’initiative pour mettre fin à l’expatriation de travailleuses malgaches au Liban ne fait pas l’unanimité.