mardi , 30 avril 2024
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La proclamation des résultats du scrutin du 1er tour de l’élection présidentielle malgache de 2013 par la Cour électorale spéciale ne comportait pas de grandes surprises et a été une simple formalité. Le juge électoral François Rakotozafy et son équipe se sont donné du mal pour revérifier tous les PV des bureaux de vote. Elle a reçu certaines plaintes qu’elle a jugées recevables avant de les rejeter en bloc. Le candidat Hery Rajaonarimampianina est finalement qualifié pour le second tour malgré une sanction symbolique avec l’annulation ciblée d’une poignée de voix. Il accompagnera Jean Louis Robinson, le vainqueur de ce premier tour.

Entre deux tours, certaines alliances réelles et d’autres théoriques

Il a frôlé le million de voix alors que le dernier des 33 candidats n’a pas atteint les 10.000 voix. Jean Louis Robinson a été confirmé vainqueur du 1er tour. Paradoxalement, il a été victime des annulations de voix dans certains bureaux de vote pour perdre environ 5000 voix par rapport aux résultats provisoires de la CENIT mais a vu son pourcentage augmenter de 0,06 point pour atteindre au final 21,16%.

« C’est une victoire de la sagesse des Malgaches », a déclaré Jean Louis Robinson. Le candidat du parti Ny Avana est conscient qu’il y a encore beaucoup d’électeurs à convaincre. S’il a pu compter sur la base électorale de la mouvance Ravalomanana, Saraha Rabeharisoa crédité de 4,52% au premier tour lui a promis son soutien. La préférence du parti écologique a été motivée par des points communs sur les programmes et les projets de société mais aussi une sanction contre ceux qui ont pillé les richesses du pays durant la transition.

Les annulations, Hery Rajaonarimampianina en a été la principale victime, mais est confirmé à la deuxième place avec 15,85%. Il a perdu près de 10 000 voix, dont 5.774 par sanction. La CES a été plus que clémente en rejetant de nombreuses accusations et plaintes pour violation de la loi électorale. Le poulain désormais officiel du chef de la transition Andry Rajoelina a été sanctionné, mais n’a pas été disqualifié. « Même si nous n’avons pas commis directement les fautes, nous en subissons les conséquences », a déclaré le candidat du Hery Vaovao qui annonce une formation pour ses militants pour préparer le second tour.

Malgré le discours de Rajoelina qui prétend être toujours à la tête d’une mouvance politique, les soutiens promis à Hery Rajaonarimampianina se font désirer. Le général Camille Vital (6,85%) à qui les autorités ont fait des misères durant la campagne pour favoriser le candidat « officieux » de la transition a été franc : « c’est chacun pour soi ».

Hajo Andrianainarivelo (10,54%) devenu ennemi politique n°1 des TGV et des proches de Rajoelina veut se concentrer sur les législatives et donne une importance très secondaire à une alliance avec l’un des deux candidats. Le parti Malagasy Miara-Miainga a 100 candidatures pour les 111 circonscriptions électorales aux législatives.

Roland Ratsiraka crédité de 9% au premier tour donne aussi la priorité aux législatives et veut consacrer son énergie pour soutenir les candidats du MTS plutôt que l’un des deux concurrents du 2e tour de la présidentielle. Doté d’une base électorale fidèle, il pourrait se laisser tenter par la promesse d’être nommé premier ministre.

Edgard Razafindravahy a été délaissé par le TGV qui l’avait investi comme candidat du parti d’Andry Rajoelina. Il s’est battu tout seul pour obtenir 4,34% des voix. L’ancien PDS d’Antananarivo a été le plus virulent pour attaquer les candidats issus du régime de la transition et n’a pas épargné Hery Rajaonarimampianina. Pour sauver la face, il devrait donner la consigne à ses partisans de voter librement, même si son soutien aurait été le bienvenu pour son meilleur ennemi du 1er tour.

Au final, c’est encore le désert derrière le candidat Rajaonarimampianina. Le Hery Vaovao souffre de l’encombrante ombre d’un Andry Rajoelina qui veut occuper les premiers plans. Ce qui pourrait la cause ou la conséquence de la fuite des alliés supposés être sous ses ordres. En tout cas, il ne pourra pas mettre sa photo sur l’affiche de Hery Rajaonarimampianina.