lundi , 29 avril 2024
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L’exportation d’eau équivaut-elle à vendre la terre des ancêtres ? L’autorité de fait est confrontée à la question, freinée dans son élan dans le précontrat d’exportation d’eau douce à des pays du Moyen Orient par l’intermédiaire d’une firme canadienne spécialisée dans l’exploitation de ressources naturelles. Le ministre de l’Eau de la HAT n’a pas convaincu la commission environnement de son propre Conseil supérieur de la Transition.

Exportation d’eau : trop importante pour être décidé par la transition

La vente ou plutôt la mise en concession des ressources naturelles du pays est un sujet délicat depuis qu’elle a été utilisée comme l’un des motifs d’un coup d’Etat. Sur le papier, la vente d’une quantité importante d’eau douce est une opportunité d’avoir une rentrée de devise sur des produits qui allaient se perdre dans la nature. Sous le régime Ravalomanana, l’étude du projet d’exportation d’eau a déjà été dans un stade avancé. La société Aquamar a fait machine arrière en raison de la crise politique qui a chamboulé le pays en 2009.

Le ministère de l’Eau de la HAT relance l’affaire. De l’argent facile en perspective avec zéro investissement nécessaire de la part de l’Etat, la tentation a été grande pour dénicher un nouvel acquéreur à la concession, suite à la défection d’Aquamar. Nirilanto Andriamahazo calme le jeu face à la polémique. Le mémorandum d’un accord bipartite ne concernerait que l’étude d’impact environnemental. La société canadienne GRI n’a pas encore passé un réel accord commercial avec l’Etat malagasy à propos de l’exportation d’eau douce.

La commission Environnement du CVST mené par le numéro un du parti vert malgache ne semble pas s’opposer à la vente d’eau douce. Elle souligne toutefois que le gouvernement de transition ne devrait en aucun cas signer un accord avec une firme étrangère sans que la question n’ait été débattue. Madame Sarah Georget Rabeharisoa et son équipe préconise à ce que l’on approfondisse l’étude d’impact. La position de la commission de la CST, réticente à passer en cette période transitoire un accord qui va engager le pays sur de longues années, va freiner le gouvernement de la HAT.

Selon, la commission, d’autres aspects méritent d’être étudiés, en particulier le volet financier. Le nouveau mémorandum avec GRI ne précise pas le prix d’achat de l’eau. Dans le premier accord qui est tombé à… l’eau, un prix de 1,2 dollar pour une quantité d’environ 4,5 m3 avait été fixé par l’Etat. Le fleuve de Mananara devait donner 4m3 par seconde pour être acheminés dans un pipeline vers le port de Toamasina.

En théorie donc, les grandes eaux du nord auraient pu rapporter à l’Etat malagasy quelque 100 000 dollars par jour, soit 36, 5 millions de dollars par an. Ce n’est qu’une capacité nominale puisque la logistique pour l’acheminement des eaux vers le Moyen-Orient était limitée à deux bateaux citernes par semaine. Pour ledit projet, la construction de deux navires de 350 000m3 à 125 millions dollars l’unité a été prévue par la société exploitante.

Dans le deuxième projet, deux rivières de Maroantsetra sont concernées, à savoir Androka et Ambanizana. Dans cette partie nord-est de la grande île, les débits des fleuves et rivières sont particulièrement importants. Le prélèvement d’eau se fera sur un petit débit de 2 m3 par seconde, même pas le dixième de ce qui va se jeter dans la mer. A priori donc, il n’y a pas de risque environnemental tel que le simple citoyen redoute, à savoir l’assèchement des rivières.

De toute manière, sans les infrastructures de types barrage ou pipeline, les grandes eux se déversent dans la mer. Ironie de l’histoire, ces eaux malgaches sont destinées à être traitées pour devenir potable et à une utilisation agricole dans le Moyen-Orient alors que les régions sud de Madagascar souffrent cruellement du manque d’eau. Le président Ravalomanana avait planifié que l’exportation d’eau permettra de financer la construction de pipeline vers le sud-est et le sud.