samedi , 18 mai 2024
enfrit
Dans le cadre des discussions de Maputo III réunissant les trois mouvances, Fetison Andrianirina a évoqué une sérieuse crise institutionnelle au sommet de l’Etat. Le président de la transition ne reconnaît pas les deux co-présidents de la transition qu’il essaie de reléguer à un statut de simples conseillers.

Fetison Andrianirina : le titre de président de la transition n’est que d’ordre protocolaire

Malgré l’enlèvement de toute ambigüité possible dans le communiqué officiel qui a accompagné l’acte additionnel de la charte de la transition malgache, Andry Rajoelina, les membres de sa mouvance et ses médias de propagande persistent de faire croire que les membres du conseil présidentiel ne sont que des conseillers. Le président de la transition affirme qu’il dirige seul le pays et réfute le principe de consensus. En clair, les autres mouvances proposent, Andry Rajoelina dispose.

Presque un mois après sa constitution, le conseil présidentiel a pu se réunir trois fois. « Nous avons constaté une volonté manifeste de détourner le sens et l’esprit de l’acte additionnel d’Addis-Abeba de la part de Monsieur Andry Rajoelina et son équipe », rapporte le coprésident de la transition, Fetison Andrianirina. « A cet égard, nous voudrions rappeler  le caractère conjoint de l’exercice de la Présidence de la Transition au sein du Conseil Présidentiel, impliquant en particulier une autorité commune et une coresponsabilité en matière décisionnelle, poursuit-il. Ce qui n’est pas encore le cas jusqu’à présent, cette compétence étant toujours confisquée par Monsieur Andry Rajoelina ».  

« A nos yeux, la Présidence de la Transition est assurée par le Conseil Présidentiel au sein duquel tous types de décisions doivent-être pris pour assurer le caractère neutre, consensuel et inclusif de la Transition tel qu’édicte la Charte de Maputo ».  Selon Fetison Andrianirina, « dans les prises de décision, l’initiative appartient indifféremment aussi bien au Président qu’à l’un ou l’autre des deux Coprésidents ». Il conteste le lien de subordination que Andry Rajoelina tente d’imposer. «  Le titre de Président de la Transition est d’ordre purement protocolaire ne lui conférant aucune primauté ni autorité sur les deux Coprésidents lesquels font, avec le Président, partie intégrante du Conseil Présidentiel ».

Les mouvances Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka unissent leurs voix pour défendre le caractère collégial de la présidence de la transition et surtout le consensus dans la formation d’un gouvernement neutre et inclusif. Selon Fetison Andrianirina, l’orientation de la politique gouvernementale dans tous les domaines sont à discuter en Conseil Présidentiel. Le co-président de la transition revendique un pouvoir égal à celui de Andry Rajoelina. « La collégialité s’entend mêmes responsabilités, devoirs et obligations impliquant de facto et de jure égalité de droits et prérogatives », affirme-t-il.

Fetison Andrianirina dénonce aussi les obstacles dressés par la mouvance Rajoelina et les autorités de fait à l’encontre des deux co-présidents de la transition.  Cela commence par des problèmes logistiques. La HAT refuse de donner l’accès au palais présidentiel arguant que Fetison Andrianirina et Emmanuel Rakotovahiny ne sont que des conseillers et n’ont pas droit à Ambohitsorohitra ni Iavoloha. Elle prive les deux co-présidents de moyens mais a eu la largesse de mettre à la disposition de ceux-ci deux voitures.  Les militaires ayant assuré la garde des co-présidents ont été rappelés par leur commandement mais ont finalement été « régularisés ». La HAT oblige les autorités locales, civiles et militaires, à boycotter les déplacements en provinces des deux autres chefs de l’exécutif.  Fetison Andrianirina conclut que tout cela « traduit manifestement la non-reconnaissance des fonctions et pouvoirs des Coprésidents par Monsieur Andry Rajoelina ».