samedi , 4 mai 2024
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La réunion des partis politiques qui ont paraphé la première feuille de route de sortie de crise a accouché d’une petite souris. Andry Rajoelina n’a pas convaincu ses supposés alliés qui prennent de plus en plus de distance par rapport au noyau dur de la HAT, le tandem TGV-UDR. Le chef de l’autorité de fait n’est pas pour l’instant suivi dans son intention d’étouffer la crise politique par des élections maîtrisées.

« Forcing » électoral : Andry Rajoelina désavoué

La HAT a pourtant préparé le terrain. La loi électorale concoctée par le gouvernement Vital pour gagner les élections régionales et communales a été adoptée. La commission électorale de la HAT a affirmé être prête pour les scrutins même en 2011. Andry Rajoelina a reçu de la main d’Abdou Diouf un logiciel miracle qui ferait reconnaître des élections par la communauté internationale. Il ne restait plus aux partis alliés qu’à décider de la date des élections.

Les arguments techniques pour esquiver la solution politique n’a pas convaincu. Le double langage d’Andry Rajoelina qui multiple les faits accomplis unilatéralement tout en affichant une volonté de suivre les recommandations de la SADC n’a pas eu l’écho espéré. Le chef de la HAT a annoncé depuis Paris où il a été officiellement en tourisme médical la signature de la feuille de route, début août 2011. L’autorité s’est ensuite emballée dans une course contre la montre pour tout décider des élections avant cette signature.

En parlant au nom de son groupe politique, Pety Rakotoniaina désapprouve. « Soit nous sommes avec la communauté internationale et réalisons la feuille de route, soit nous organisons les élections par nous-mêmes sans leur accord, on ne peut pas faire les deux, a-t-il déclaré. Il faut pour le moment mettre de côté les élections avant que l’on soit fixé sur la feuille de route ».

Dans le camp du parti TGV, on se méfie de la feuille de route qui mettrait les partis sur un même pied d’égalité.  Les élections maitrisées seraient donc la seule solution politique valable pour garder le pouvoir. La constitution – Rajoelina – est considérée comme la seule feuille de route nécessaire pour la sortie de crise, affirme un responsable du faux parti présidentiel.

Le TGV accuse les autres partis dont ses propres alliés d’essayer de gagner du temps faute de candidats crédibles. Le parti de l’ancien disc-jockey n’a certes aucun élu, un maire de Madagascar à la tête du pays n’existe pas, mais il ne manque pas de candidat.  

Les Raiamandreny Mijoro, des médiateurs encensés un temps par la HAT préconisent aux acteurs politique de se conformer au plan de sortie de crise reconnu par la communauté internationale. « La signature de la feuille de route n’attendra pas un an, cela va se faire incessamment », a déclaré Ramino Paul, convaincu que cela va faciliter la réconciliation et la sortie de crise. « Si on attend à ce que tout me le monde soit d’accord, on sera là pour une éternité », a-t-il tempéré, insistant sur la nécessité de signer le document. « Lequel ? », s’interrogent ces anciens.

Le Raiamandreny Mijoro souhaite le rétablissement de la paix sociale, l’apaisement politique et la réconciliation nationale avant la tenue des élections. Pour l’éminent juriste Honoré Rakotomanana, la stratégie électorale de la HAT n’est pas la bonne. Il est contre la tenue des élections communales et régionales en 2011. « On peut rallonger le mandat des maires par la loi ou par une ordonnance », suggère-t-il, estimant que les premiers élus de la 4ème république devraient être les députés ou le président de la république.

Honoré Rakotomanana milite pour la mise en place d’une société sereine et d’une paix politique, garantissant à l’avenir l’alternance démocratique. « Est-ce que tout cela peut être obtenu par des élections s’il n’y a même pas la réconciliation nationale », a soulevé l’ancien président de la Haute cour constitutionnelle. « Si on fait un forcing avec cette élection, croyez-moi que d’ici un an ou deux, les gens redescendront dans la rue » dit-il avec pessimisme. L’échec de l’utilisation d’un moyen démocratique pour valider un pouvoir issu d’un changement anticonstitutionnel est une fatalité.