samedi , 4 mai 2024
enfrit
Andry Rajoelina avait prévenu : il se réserve le droit de limoger des ministres. Le cas de Noël Rakotonandarasana est à part puisque le général a été l’un des premiers alliés militaires de l’ancien maire d’Antananarivo dans la conquête du pouvoir. De plus, il n’est pas démis de sa fonction pour incompétence mais pour suspicion de coup d’Etat.

Général Rakotonandrasana : un coup d’Etat avorté et incompris ?

Bien que soupçonné de fomenter un coup d’Etat, qui constitue un délit très grave voire un crime contre la nation, le ministre Noël Rakotonandrasana ne se voit infligé que d’une sanction politique. Pour le moment. Son éviction du gouvernement a été prévisible depuis les bruits de bottes du vendredi 02 avril 2010. Le ministre de la Défense nationale de la HAT devait faire une déclaration sur un présumé reprise du pouvoir par l’armée. Mais voilà, la déclaration n’a pas été faite. Ce qui n’avait pas empêché la Force d’intervention spéciale de la HAT de sortir les armes lourdes pour défendre le palais présidentiel à Ambohitsorohitra.

Auparavant, le général Rakotonandrasana avait pris part à diverses réunions avec d’autres militaires ou avec des politiciens pour réfléchir sur la voie de sortie de crise. Déjà, il avait été critiqué d’avoir fait partie du cercle de Vohipiraisana. Bien que les participants à cette réunion, à l’instar du juriste Eric Rakotoarisoa, ont démenti tout projet de coup d’Etat, le ministre de la Défense a déjà commis l’irréparable : admettre la nécessité d’une feuille de route autre que celle décidée par Andry Rajoelina.

A force de ne pas mettre un politicien à la défense nationale, la HAT voit son général de ministre faire de la politique. Le général Rakotonandrasana est soupçonné de vouloir prendre le pouvoir. Un gouvernement militaro-civil ou un directoire militaire, le but serait d’organiser dans un bref délai des élections neutres pour sortir de l’impasse politique. Les « putschistes » auraient prévu de faire la grande déclaration lors de la réception des hélicoptères à Ivato, fin mars. Si ce n’était pas fait, c’est que le ministre de la Défense n’avait pas bénéficié du soutien des troupes.

L’autorité de fait est sur la défensive et soupçonne l’ancien premier ministre Monja Roindefo de manipuler une frange de l’armée. Pour le président du parti Monima, le limogeage du général Rakotonandrasana n’est pas une solution à la crise mais une complication de plus. Il préconise que tous les responsables au niveau de l’armée soient maintenus à leur poste durant la transition. Le changement du ministre de la Défense est en effet le signe d’un régime déstabilisé. L’expérience de 2009 sous l’ère Ravalomanana en atteste.

Depuis le début de la crise, la fonction de ministre de la Défense nationale a été quelque peu désacralisée. Le locataire d’Ampahibe tout comme son secrétaire d’Etat à la Gendarmerie nationale n’ont pas un réel pouvoir. La mutinerie et la désobéissance aux généraux par les militaires pro-TGV ont marqué les esprits. Désormais, les dépositaires du pouvoir sont ceux qui commandent les hommes en arme, à savoir le chef d’Etat-major de l’armée et le commandant de la gendarmerie qui eux-mêmes doivent leur salut à l’appui des chefs de corps et des commandants de groupement.

Le général Noël Rakotonandrasana n’a jamais fait l’unanimité. Sa gestion de la crise créée par la Force d’intervention de la gendarmerie nationale (FIGN) a été catastrophique. Le général Jafera commandant du Fort Duchesne avait alors réclamé la démission du ministre qui aurait fait à sa troupe une véritable déclaration de guerre. Le général Rakotonandrasana a brandi la menace d’une intervention armée pour mâter le début de mutinerie. Il avait dès lors perdu son statut de chef fédérateur. Son éviction contredit la thèse officielle d’une armée toujours unie et entièrement fidèle à l’autorité de fait.