mercredi , 8 mai 2024
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Le bras de fer entre le Syndicat des magistrats de Madagascar et l’autorité de transition représentée à la barre par l’intraitable ministre de la Justice se radicalise. Une entente n’est pas pourtant définitivement compromise même si les deux parties font de la surenchère. Les magistrats ne cèdent pas devant les menaces juridiquement mal fondées de leur ancien consoeur devenue politicienne.

Grève des magistrats : de la surenchère avant une entente difficile

A la menace de « la dame de fer » de la HAT, le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) reste droit dans ses bottes et ne se laisse pas impressionner. Ni les sanctions administratives ni les réquisitions brandies par la ministre de la Justice n’ont pas suffi à tancer la grève des juges. « Les magistrats ne sont pas des fonctionnaires comme les autres… Ils ne sont pas soumis à une réquisition », rétorque le SMM. Sous l’impulsion de son nouveau président Auguste Arnaud, le syndicat maintient ce qui a été décidé en assemblée générale : « nous continuons notre lutte, mais nous sommes prêts à dialoguer ».

Le SMM n’a pas réussi à rencontrer le président de l’autorité de fait pour évoquer le problème. Logiquement, c’est à la HAT que les magistrats doivent en effet s’adresser. La raison en est le système très particulier imposé par les tenants du pouvoir : c’est Ambohitsorohitra qui décide de toutes les dépenses publiques dépassant les 200 millions d’ariary. Les revendications des magistrats concernent le paiement des indemnités de la fonction de juge. Le syndicat est persuadé que le ministère dispose du budget nécessaire depuis que le Journal de l’économie a publié une loi de finance rectificative qui était encore en discussion officieusement.
 
Le SMM veut obtenir de la HAT la signature d’un engagement de l’Etat à payer aux magistrats ce qui leur est dû. « Il faut au moins qu’il y ait une ébauche de proposition pour que la grève s’arrête », martèle Auguste Arnaud. Le président du syndicat des magistrats se défend d’agir pour des intérêts politiques ou dans le but de déstabiliser la HAT. « Il n’y a aucune intention de renverser qui que ce soit ou de dessous politique, se justifie-t-il. C’est purement syndical, c’est la mission que l’on m’a assigné lorsque j’ai été élu, je ne fais que réaliser ma mission ».

La mission du ministre de la Justice est de tancer cette grève. La HAT se rappelle volontiers que le régime Ravalomanana avait réussi à maîtriser les revendications syndicales des magistrats par des sanctions. « Ils essaient de cibler les magistrats les plus vulnérables ou influençables par ces réquisitions », reproche le président du SMM. L’argument juridique de la ministre Christine Razanamahasoa n’a pas convaincu ses anciens confrères. Elle a en effet évoqué une référence vague à une Constitution et au statut des fonctionnaires tout en concédant que les juges demandent des droits acquis par leur statut particulier.

Pour justifier les sanctions contre les magistrats au lieu de leur donner satisfaction, la HAT se mure derrière la notion de l’inopportunité. L’autorité de fait n’admet pas que l’argent n’est pas disponible ou à été utilisé à d’autre fin. Les syndicats de tout genre refusent désormais la thèse du contrôle administratif renforcé et la vérification au sommet par le président de la HAT qui retarderait le paiement des indemnités. Seule l’Assemblée générale permet au SMM de faire machine arrière. La ministre Christine Razanamahasoa a été invitée à participer à une réunion avec les magistrats pour envisager une solution de compromis. La dame de fer a déjà prévenu : « l’on n’obtient rien avec la grève, et tout peut être résolu par le rapprochement ». Reste à savoir si le SMM veut se rapprocher de la HAT et renoncer à ses droits.