lundi , 13 mai 2024
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Un régime qui a pris le pouvoir sans passer par la voie des urnes est-il le mieux placé pour donner des leçons en matière d’élection. Andry Rajoelina mise sur son hypothétique scrutin parfait pour amadouer la communauté internationale. L’enjeu est immense, éviter des sanctions et gagner la reconnaissance internationale, quelque soit la position du GIC.

HAT : de belles intentions électorales pour séduire la communauté internationale

Les autorités de fait avaient été prévenues : jamais la communauté internationale ne reconnaîtra des élections organisées de manière unilatérale à Madagascar. Cela ne refroidit pas pour autant un président de la HAT prêt à tout pour éviter une transition consensuelle et inclusive. Malgré ses critiques sur les  problèmes électoraux depuis 50 ans, Andry Rajoelina retient une seule leçon : c’est celui qui tient le pouvoir qui a le plus de chance de gagner.  Il s’étonne que la communauté internationale brande encore des sanctions malgré les déclarations de bonnes intentions qu’il a faites pour organiser une élection libre et transparente, voire parfaite.

« Tous les problèmes que l’on n’a pas résolu ces 40 dernières années seront à résoudre, le régime de transition est prêt à organiser un scrutin reconnu et accepté sur les plan national et international », annonce Andry Rajoelina. « En 40 ans, il y a eu 4 ou 5 mouvements populaires pour renverser le régime en place, insiste-t-il. La raison en est que c’était des simulacres d’élection ». Le chef des autorités de fait avance que tout ce qui n’a pas été fait durant ces années sera mis en place, à commencer par la Commission nationale électorale indépendante ou CENI. La HAT justifie l’organisation de ces élections afin de casser l’argument de l’unilatérisme contre elle.

Andry Rajoelina fait une véritable propagande pour ses élections et vante les travaux de refonte de la liste électorale. A cause des fraudes, dit-il, les candidats du pouvoir avait une avance de 10 à 15% avant même le scrutin. L’affirmation est avancée sans preuves et l’exactitude des chiffres soulève le doute. Andry Rajoelina croit en un système permettant à chaque électeur de vérifier s’il figure bien sur la liste électorale. L’une des révolutions annoncées par Andry Rajoelina est la suppression des ordonnances permettant à un électeur oublié de la liste électorale d’aller voter. Il insinue que les électeurs du régime peuvent voter cinq ou six-fois le jour de l’élection. Une théorie qui est à prendre avec des pincettes vu que les électeurs trempent le pouce droit dans de l’encre indélébile après avoir voté. Le nombre limité de ces ordonnances délivrées la veille ou le jour du scrutin est loin de faire basculer un résultat.

Gardant le meilleur pour la fin, Andry Rajoelina plaide en faveur du bulletin unique. « Auparavant, quand un candidat est craint par le régime, ses bulletins de vote n’arrivent pas dans les bureaux », affirme-t-il. Il avance un taux de 50 bureaux de vote sur 100 qui sont approvisionnés. La réalité en est autre puisque les petits candidats n’ont pas les moyens de faire imprimer assez de bulletins de vote. Ainsi, ils choisissent de les placer dans les  endroits où ils ont plus de chance de recueillir des voix. Andry Rajoelina dénonce un supposé procédé pour acheter le choix des électeurs. Cela consisterait à payer 5 000 ou 10 000 ariary les bulletins de vote des candidats adverses qui n’ont pas été déposés dans l’urne, comme si cela pouvait prouver que l’électeur avait voté pour le candidat client.

Cette propagande sur l’organisation d’une élection libre et transparente a un but avoué : séduire la communauté internationale. Ce scrutin législatif, bien qu’il soit une aberration juridique en mettant en place une assemblée constituante et une assemblée nationale de la 4ème République, permet à la HAT de rester au pouvoir jusqu’à la fin de la transition. « Devant tous les efforts que l’on veut faire pour apporter le changement, pourquoi cette haine des dirigeants au point d’en appeler à des sanctions », se lamente Andry Rajoelina.