mardi , 7 mai 2024
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Les coopératives de taxi-brousse tout comme les chauffeurs de taxi ont pu vérifier que la hausse des tarifs n’est pas la meilleure solution. Depuis la crise 2009, le secteur des transports tourne au ralenti. Acculés entre des coups d’exploitation devenu trop importants et une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, les transporteurs veulent se tourner vers l’Etat afin de faire baisser le prix des carburants.

Hausse des prix des carburants : le secteur des transports ébranlé

Avoir plusieurs taxi-brousse ou taxi-be n’est plus un signe de prospérité, la faute à une conjoncture économique défavorable. La hausse des prix des carburants tombe au plus mauvais moment. « Avec 300 ariary supplémentaire par litre de carburant, la marge bénéficiaire est plus que menacée car on utilise jusqu’à 30 litres de gasoil par jour, ce qui vaut 9000 ariary de coût supplémentaire », se plaint R. Lanto, chauffeur de taxi-be. Il explique que les vacances scolaires vont accentuer les pertes car il y aura moins de passagers. « Cette situation a un impact négatif sur la qualité de service, on ne peut plus rouler sans être plein, il y aura de longs moments d’arrêts sur le trajet », ajoute le transporteur.

La situation n’est pas plus reluisante chez les taxi-brousse. Les coopératives qui assurent les  lignes nationales reliant Antananarivo et Toamasina ont décidé de revenir à un prix normal de 18 000 ariary. Ce tarif a été revu à la baisse, environ 16 000 ariary, en raison de la baisse considérable du nombre de voyageurs. « Déjà avec le prix promotionnel, les affaires ne marchaient pas, là, on n’a plus qu’a espérer que les gens vont partir en vacances, ce qui n’est pas sûr en cette période de crise », lâche Edouard, guichetier. Cette révision à la hausse est un retour au dernier tarif officiel. Elle ne satisfait pourtant pas tout le monde. « Avec un bas tarif, on n’a pas eu plus de voyageur, il faut appliquer la vérité des prix, le ticket doit coûter 22 000 ariary », proteste un transporteur mécontent de la résolution des coopératives. 

Pour les chauffeurs de taxi, c’est un coup dur de plus. Merlin ne se déplace plus de la station, attendant qu’un lient le sollicite. « En trois jours, le nombre de mes courses est passé d’une dizaine à six car je ne peux plus faire le + rallye + et rouler pour être hélé par un client », explique-t-il. Pour ce chauffeur qui a quinze ans de métier, le plus redoutable est l’effet de l’annonce de la hausse du prix de l’essence chez les clients. « Ils s’imaginent tout de suite que les taxis vont augmenter le prix des courses, or il est délicat de demander le prix et de se désister car on n’a pas finalement les moyens », ajoute-t-il. Propriétaire de sa voiture, il avoue ne plus faire qu’environ 12 000 ariary de bénéfice en une journée de travail, ce qui aurait été presque néant s’il avait à louer son taxi.

En 2008, l’Etat avait décidé de subventionner les transporteurs pour éviter une hausse générale des tarifs. Cette solution est inapplicable faute de budget. Les transporteurs encouragent l’Etat à faire des efforts et renoncer à certaines taxes. Certes, il y a des alternatives vu le nombre des prélèvements sur les prix des carburants mais cela revient à diminuer les recettes de l’Etat à une période difficile, sans aides budgétaires ni financements étrangers. Le ministre des Finances et du Budget de la HAT a déjà annoncé que de nouveaux avantages fiscaux attribués aux pétroliers ne sont pas à écarter.