lundi , 29 avril 2024
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Les compagnies de distribution pétrolière ont lâché du lest mais n’ont pas cédé à la pression du gouvernement de la HAT. Les prix à la pompe récemment augmentés de 8% à 13% et qui ont vu le litre de l’essence passer la barre symbolique des 3000 ariary ont été revus à la baisse. Le ministre des Mines et des Hydrocarbures a sauvé la face même si son ultimatum accompagné de sévère mise en garde n’a pas été respecté par des « pétroliers étrangers » qui s’entendent comme un seul homme.

Hydrocarbures : la HAT menace de faire la loi et fixer les prix

Entre le gouvernement de la HAT et les compagnies pétrolières, c’est la crise. La hausse des prix à la pompe opérée de manière unilatérale par les distributeurs, jeudi 02 et vendredi 03 juillet 2010, a déclenché une tension sans précédent entre le secteur privé et le pouvoir. C’est en effet pour la première fois que le gouvernement a été dépassé par la situation à tel point que le ministère des Mines et des Hydrocarbures a été obligé d’utiliser la manière forte. Une première tentative de réconciliation ayant été échoué en fin de semaine, le ministre Mamy Ratovomalala est passé à l’offensive.

C’est une véritable attaque frontale contre les compagnies pétrolières. Lundi vers midi, le ministre a donné à ces dernières un ultimatum de trois heures, oui 180 minutes, pour rétablir les anciens prix à la pompe. C’est un préalable que Mamy Ratovomalala a exigé avant la reprise de toute négociation entre le gouvernement et les compagnies. Sinon, « l’Etat va prendre ses responsabilités », menace-t-il. Une menace qui a été pris en considération par les distributeurs qui n’ont pas non plus complètement obtempéré. La hausse est toujours là mais elle a baissé. Sur l’essence, il y a +90 ariary contre +250 ariary par rapport à l’ancien prix établi mi-2009.

Selon le gouvernement de la HAT, les conditions pour opérer une hausse ne sont pas remplies.  « Depuis le mois de mai, le cours du pétrole sur le marché international ont baissé et se situe à 71 dollars et pourtant les prix à la pompe ont augmenté de 8 à 13% », explique le ministre chargé des Hydrocarbures. Mamy Ratovomalala reconnait pourtant que la flambée de la valeur du dollar par rapport à l’ariary peut engendrer une hausse. Quoiqu’il en soit, il estime que la hausse appliquée de manière unilatérale par les compagnies pétrolières est « insupportable » pour la population malgache.

Le ministre Ratovomalala a essayé des tractations auprès des pétroliers pour rétablir les anciens prix et se réunir autour d’une table pour discuter de la situation. Il a reçu une fin de non recevoir. « On a déjà fait appel aux compagnies pour se concerter mais ils ont quand même appliqué la hausse des prix », regrette-t-il. L’affaire est devenue politique. « Il y a eu des réunions avec le président de la HAT et avec le premier ministre ». Le ministre des Hydrocarbures a alors été autorisé à utiliser la manière forte au risque d’effrayer le secteur privé. « Il est inadmissible que quatre compagnies pétrolières prennent en otage toute la population de Madagascar et l’économie nationale», s’est-il justifié.

Comment le gouvernement de la HAT peut-il exiger aux compagnies de baisser les prix alors que la loi préconise la libéralisation des prix des pétroliers. Les distributeurs de carburants ont déjà bénéficié d’un rabais de taux sur différentes taxes en début 2010. Ils ont bénéficié d’un taux de change fixe qui les a mis à l’abri des fluctuations de la valeur de la devise dollar. Cet avantage a été remis en cause, ce qui explique cette hausse importante. Le ministre des Finances et du Budget n’écarte pas d’autres avantages fiscaux si le dialogue est renoué avec les pétroliers.

Contrairement à Hery Rajaonarimampianina, Mamy Ratovomalala a haussé le ton. Le ministre des Hydrocarbures de la HAT a évoqué un possible changement dans la loi afin de redonner à l’Etat la prérogative de fixer les prix des carburants. Ce qui ne serait qu’une formalité pour l’autorité de fait. Une petite ordonnance sans un débat démocratique et sur fond de populisme et le tour est joué. Andry Rajoelina avait promis lorsqu’il était en train de renverser le président élu que les prix des carburants allaient considérablement baisser, en dessous des 2000 ariary, grâce à des touches qu’il a avec l’Arabie Saoudite. Le temps des promesses n’a plus rien à voir avec la crise économique dont les compagnies pétrolières pourraient être les boucs émissaires.