samedi , 4 mai 2024
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Invité à une réunion ministérielle de la Commission de l’Océan indien, le ministre des Affaires Etrangères de la HAT n’a pu que constater le dégât sur le dossier des îles Eparses. La France et Maurice se partagent le gâteau en écartant Madagascar sur la gestion de l’île de Tromelin. Ces petits bouts de terres de 1 à 30 km² aux alentours de la Grande Ile sont les vestiges de la puissance coloniale française. Leur intérêt stratégique attire toutes les convoitises.

Iles Eparses : cape à l’Ouest pour Madagascar ?

L’île de Tromelin est perdue pour Madagascar. Le chef de la diplomatie de la HAT semble résigné. « Il y a un accord franco-mauricien pour la cogestion de Tromelin » constate-t-il. Interrogé sur la possible remise en cause de cette convention bilatérale qui écarte Madagascar, le territoire le plus proche, Hyppolite Ramaroson baisse pavillon. Le Vice-amiral d’Escadre vise désormais Juan de Nova, l’autre île qui se trouve à 150 km de la côte ouest de Madagascar. « Ce n’est pas un dossier qui dort, dit-il. Il fait donner le temps aux techniciens de le préparer ».

Le seul recours possible pour ravir la souveraineté de ces îles Eparses aux mains des français est l’ONU. « Il faudra déterminer après des Nations-Unies à qui appartiennent vraiment ces îles », insiste le chef de la diplomatie de la HAT. Une initiative qui n’a aucune chance de réussir, du moins pour cette année 2010 vu que l’autorité de fait n’est pas reconnue. La France et l’île Maurice se sont montrées opportunistes en se partageant l’île de Tromelin alors que Madagascar connaît une crise institutionnelle grave. De toute manière, l’île était déjà sous souveraineté française dont le représentant de l’autorité est le responsable de la station météorologique chargée d’étudier les cyclones dans l’Océan Indien.

50 ans après son indépendance, Madagascar peut légitimement revendiquer la souveraineté de ces îles. Le premier président de la République qui était « un fils de la mère France » avait renoncé à cette souveraineté. Ce qui n’avait d’ailleurs pas empêché le général De Gaulle de donner l’ordre au ministère des Affaires étrangères français de ne pas impliquer en aucun cas Madagascar dans toutes les activités susceptibles d’avoir lieu sur les îles Eparses. Il contestait toute emprise de la Grande Ile sur ces petits territoires voisins.  A l’époque, le président De Gaulle pensait que ces îles serviraient aux essais atomiques de la France.

Aujourd’hui, l’essai nucléaire français est fait, réalisé finalement dans le pacifique. Les îles Eparses ne sont pas pour le moins stratégiques. Elles le sont en termes de défenses pour la France qui dispose d’une force ancrée dans l’Océan Indien. Depuis 2007, les petites îles de l’Océan indien constituent le cinquième district des Terres australes et antarctiques françaises, une collectivité d’outre-mer. Bien que Tromelin n’ait que 1km²  de superficie, elle dispose de la plus grande zone économique exclusive (ZEE) qui est de 280 000 km². Les bateaux pavillons français qui y pêcheront auront besoin d’une autorisation des autorités française et pareil pour les bateaux mauriciens. 

Depuis le régime Ratsiraka, Madagascar a plutôt manifesté son intérêt pour Juan de Nova qui est la plus proche de ses côtes. Cet engouement n’est pas motivé par l’impressionnante réserve naturelle en matière de faune autour de ce bout de terre de 5km², culminant à 12m, avec peu de précipitation et donc une végétation pauvre. L’énergie fossile, en particulier le pétrole, est le véritable enjeu. Madagascar a déjà aussi revendiqué la souveraineté des autres îles situées dans le canal de Mozambique. Il y a l’île Bassa-da-India qui disparaît presque sous la mer à marrée haute mais dotée de 123 700 km² de ZEE, soit presque autant que celle de l’Europe qui est la plus grande des Eparses avec ses 30km² de superficie. Le minuscule archipel des îles Glorieuses et sa ZEE de 48 350 km² n’est pas le plus revendiqué.