mercredi , 1 mai 2024
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Le maire d'Alasora, vice président de l'association des maires de la province d'Antananarivo, nous livre ses impressions et explique la position du Leader Fanilo, son parti, sur la crise actuelle. (première partie)

Interview exclusive : Eric Rabeharisoa (1)

1-Pensez-vous que le dialogue entre Ravalomanana et Ratsiraka est encore possible ? Pourquoi ?

Je pense que l’opportunité de cette question est surtout de savoir si le dialogue va se passer immédiatement ou
un peu plus tard. Notre parti, le Leader Fanilo, estime que l’aboutissement d’un conflit entre deux personnes doit se régler autour d’une table. Par principe, nous pensons que le dialogue doit se faire. Cela sous-entend une contrainte. Cela peut se faire au niveau international sous l’égide d’institutions telles que l’ONU, l’OUA, la COI? On parle actuellement d’une rencontre aux Seychelles. Cette rencontre a été déjà concocté par les bailleurs de fonds en général. Evidemment, nous aurions préféré que ce dialogue
se fasse entre malgache. Malheureusement, il est clair que les différentes initiatives, qu’elles viennent des quatre autres candidats aux présidentielles ou encore d’autres entités comme la société civile ou les hommes d’affaires, n’ont pas abouti. Nous pensons alors qu’il est temps de recourir à la pression internationale comme argument pour l’engagement d’un dialogue en toute transparence.

2- Quelles pourrait être la forme de cette pression ?

Il ne faut pas oublier que Madagascar est un pays qui vit de l’aide internationale. En général, 80% de notre programme d’investissements publics est financé par les bailleurs de fonds. Cela veut dire que les bailleurs de fonds ont un rôle déterminant, que ce soit dans la vie quotidienne ou dans l’avenir du pays. Il ne faut pas oublier que ces Etats se doivent de rendre compte, auprès de leurs contribuables respectifs, du bon usage de leur argent. Mais actuellement, ce n’est pas le cas. On assiste à un effondrement du pays et à une paupérisation extrême de la population. C’est pourquoi, la communauté internationale se doit de faire pression sur Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana.

3- Cette communauté internationale préconise, entre autres, un gouvernement mixte, croyez-vous qu’au stade actuel, cela soit encore possible ?

J’utiliserais plutôt le terme de gouvernement de coalition nationale. Je pense que c’est opportun, s’ils s’entendent, bien sûr, sur la mise en place du gouvernement et la répartition des sièges pour chaque camp dans l’échiquier du pouvoir actuel. Outre la normalisation de la vie quotidienne, ce gouvernement qui sera à l’image du « fihavanana » malgache aura également comme objectif de préparer les échéances électorales à terme. Disons, dans une période d’un an.

4- Qu’entendez-vous par élections ? Référendum ? Plébiscite ? Second tour ? Nouvelles élections ?

Le Leader Fanilo n’a pas d’objections sur le type d’élections que les deux parties auront décidé. Pour nous, l’important est de procéder par étapes. Le dialogue d’abord, le gouvernement de coalition nationale ensuite et les élections enfin. Le type de consultation n’est pas déterminant, c’est plutôt quelles seront les personnes éligibles s’il s’agit d’une nouvelle élection présidentielle. Beaucoup d’artifice peut se créer entre temps mais ce qui est important c’est que le pays redémarre et retrouve la confiance des bailleurs fonds et tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux.

5- Est-ce que le Leader Fanilo sera partie prenante dans le cadre d’un éventuel gouvernement de coalition ?

Ce n’est pas à propos. Le Leader Fanilo n’ a jamais baissé les bras lorsqu’il s’agît de reconstruire son pays. Nous oeuvrons pour qu’il y ait aboutissement à la situation actuelle. Donc la question de participer ou non n’est pas à l’ordre du jour pour le moment.

6- Quid de la société civile ?

Elle a un rôle important à jouer et devrait participer à la mise en place de ce gouvernement de coalition nationale mais aussi à mettre en place les règles du jeu. Jusqu’à maintenant, la société civile qui représente le troisième pouvoir n’a pas encore démontré actuellement son rôle dans les différents conflits internes politiques?

7- Il y a eu défaillances ?

Je ne dirais pas défaillances. Le mot est un peu dur, je dirais qu’il y a eu manque de responsabilité.

8- L’équipe de Marc Ravalomanana a mis en place un comité national de sécurité. Pensez-vous que cette entité pourra travailler efficacement ?

Ce comité est un instrument destiné à sécuriser la population tananarivienne. Je précise tananarivienne car les présidents de la délégation spéciale des autres provinces ne sont pas encore installés. Pourra-t-il travailler efficacement ? Mettons-le en place et on verra. Je tiens seulement à noter que des comités locaux de sécurité sont opérationnels dans les communes, notamment dans ma circonscription, Alasora. Je ne vous cache pas que la priorité du Leader Fanilo est maintenant le problème des barrages interrégionaux et inter-provinciaux. Il n’y a pas vraiment d’insécurité flagrante à l’intérieur de Tanà actuellement, il y a surtout ces problèmes
de ravitaillement inter-provinciaux, des problèmes de pénurie qui créent une
atmosphère de psychose et d’insécurité.

9- Est-ce qu’un appui militaire étranger est envisageable et/ou souhaitable ? Pourquoi ?

Est-ce que c’est souhaitable ? Au niveau du Leader Fanilo, nous avons toujours prôné la souveraineté nationale. A partir du moment où cette souveraineté nationale a un sens au niveau d’un Etat, il n’est pas opportun, ni souhaitable qu’une force
militaire étrangère intervienne à Madagascar. Pourquoi ? Je pense qu’il est très dangereux de miser sur une intervention extérieure. Cela pourrait laisser la porte ouverte à tous les excès comme le mercenariat. Madagascar ne veut pas que le pays soit sous l’emprise des mercenaires comme aux Comores au temps de Bob Denard.