mercredi , 1 mai 2024
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Devant les députés de Madagascar, le Premier ministre malgache, Jacques Sylla, affiche un air imperturbable, alors qu'il sait pertinemment que la nouvelle opposition veut sa tête.

Jacques Sylla toujours imperturbable

 


 


Le KMMR, la nouvelle opposition au régime, lui en veut et continue de réclamer son départ mais le Premier ministre semble afficher une sérénité inébranlable. Cela fait plusieurs mois que le KMMR exige le départ de Jacques Sylla, chef du gouvernement nommé pourtant quatre fois, depuis la crise de 2002, par le président Marc Ravalomanana.


Devant des députés à l’Assemblée nationale, à la tête de son équipe gouvernementale, le 18 juin, Jacques Sylla s’est montré, comme à son habitude, flegmatique et imperturbable alors que, depuis plusieurs mois, cette personnalité politique proche du Chef de l’Etat et Secrétaire général du parti présidentiel TIM, n’arrêtait d’alimenter le débat politique. D’abord puisque l’homme, en raison de sa discrétion durant les premières semaines de la crise malgache en 2002, a été très vite rejeté par les membres de l’ancien comité de soutien à Marc Ravalomanana. Pour ne pas être monté quotidiennement sur l’estrade de la place du 13 mai où se tenait chaque jour les manifestations de soutien à Ravalomanana face à un Didier Ratsiraka qui refusait de quitter le pouvoir, Jacques Sylla est jugé « opportuniste » par les anciens militants qui, par conséquent, réclament aujourd’hui sa tête. Ensuite parce que ce Premier ministre là serait a priori un rescapé du dernier remaniement du gouvernement. Le milieu politique Tananarivien s’est fait l’écho d’une ultime décision du président pour garder à son poste Jacques Sylla alors que l’actuel vice-Premier ministre, Zazah Ramandimbiarison, aurait été prétendu pour être le nouveau Chef du gouvernement.


Les dirigeants du KMMR par ailleurs ont toujours fait valoir des rumeurs selon lesquelles Jacques Sylla serait en train de peaufiner une stratégie qui viserait à les museler. Moyennant notamment des arrestations. Mais presque six mois après ces soupçons, aucune arrestation n’a été effectuée. Et les ténors du KMMR continuent à tirer sur le Premier ministre une salve de critiques à travers des meetings politiques de « sensibilisation ». Les proches du Premier ministre, eux, estiment que les accusations du KMMR à son endroit se sont révélé, en définitive, très mal fondées puisque Jacques Sylla devait, dès le deuxième mois de la crise de 2002, s’afficher près de Marc Ravalomanana après la mise sur pied d’un gouvernement parallèle à celui de Didier Ratsiraka, l’ex-Chef d’Etat.


Aujourd’hui, l’on parle par contre d’un Premier ministre dont le pouvoir serait réduit à la portion congrue. La réalisation du programme du gouvernement serait, en grande partie, placée sous la responsabilité du Vice-Premier ministre chargé, effectivement, des Programmes économiques, des Travaux publics, de l’Aménagement du territoire et du Transport. Bref, tout ce qui nécessitera le plus de financement de la part des bailleurs de fonds. Mais cela aussi semble laisser imperturbable Jacques Sylla.