jeudi , 2 mai 2024
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Successivement avocat, premier ministre, secrétaire général du parti au pouvoir et président de l’Assemblée nationale, Jacques Sylla disparu le 26 décembre 2009 à l'âge de 63 ans était un homme clé des années Ravalomanana. La cohabitation entre les deux hommes n’était pourtant pas toujours harmonieuse. Des hauts et des bas ponctués de froid, de suspicion, de sanction et de trahison.

Jacques Sylla : une décennie au sommet mais à l’ombre de Marc Ravalomanana

Le début. Jacques Sylla était un avocat, parmi les plus grands jouissant d’une notoriété sans faille. Ce diplômé de la vieille école n’était pas un surdiplômé comme les hommes en noir de l’actuelle génération. Juste une licence en droit, en quatre ans d’études s’il vous plaît. Il avait bâti ses compétences par l’expérience. L’avocat d’affaires avait déjà embrassé une carrière politique en qualité de ministre des Affaires Etrangères sous la présidence de Albert Zafy quand il défendait les intérêts du Groupe Tiko. Dans la logique des choses, Jacques Sylla faisait partie des juristes au service du candidat Marc Ravalomanana pour faire valider l’élection de ce dernier au premier tour, début 2002.

Le gouvernement. A l’époque, le TIM n’était qu’une association. Il fallait désigner un homme d’envergure. Jacques Sylla en avait le profil : ancien ministre issue de la « mouvance » Zafy, un côtier originaire de Sainte-Marie, un nom français… Cet homme qui avait la carrure d’un homme d’Etat devait pouvoir épauler une « jeune » président qui n’a pas encore démontré ses facultés dans le domaine de la politique. Jacques Sylla est nommé à la tête du gouvernement « insurrectionnel ». Après la deuxième investiture du 06 mai 2002, il est maintenu à la primature par Marc Ravalomanana. Jacques Sylla va être l’un des acteurs de la relance économique du pays. Il est le seul premier ministre qui a fini un mandat plein.

La politique. Tiako i Madagasikara devient un parti politique. Jacques Sylla alors premier ministre a été propulsé Secrétaire général. Le parti au pouvoir a dominé les élections législatives et communales. La cohabitation entre le président Ravalomanana et son premier ministre de l’époque a été pourtant marquée par quelques clashs. Dans son propre camp, Jacques Sylla était suspecté d’avoir des ambitions présidentielles. Bien que tout à fait légitime, cela a créé une tension entre les deux chefs de l’exécutif. Le président Ravalomanana a maintenu son premier ministre à son poste par souci de le garder tout un mandat. Jacques Sylla était surveillé de près. Il avait même été censuré dans l’audiovisuel public.

Deuxième mandat. Ecarté du cercle du pouvoir après la nomination d’un nouveau premier ministre, Charles Rabemananjara, Jacques Sylla allait faire un retour au sommet. Candidat naturel du parti TIM dont il avait été écarté de la direction après le congrès, pour les législatives à Sainte-Marie, l’homme avait une plus grosse ambition. Malgré la réticence du président Marc Ravalomanana, l’ancien premier ministre travaillait le terrain pour le poste de président de l’Assemblée nationale avant même le scrutin. L’appel du pied a fini par faire mouche. Contre toute attente, Jacques Sylla redevenait chef d’institution en 2007. Sa relation avec le président Ravalomanana ne s’est pas pour autant améliorée définitivement.  Il n’hésitait pas à critiquer le pouvoir. En 2009, Jacques Sylla avait dirigé la délégation Ravalomanana lors des premières négociations avec le camp Andry Rajoelina. Il basculait dans l’autre camp, le 14 mars, sur la place du 13 mai.