samedi , 18 mai 2024
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L’ambassadeur européen regrette l’absence d’Etat et s’inquiète de l’évolution de la crise politique que traverse Madagascar. Jean Claude Boidin a souligné la difficile réalisation d’une transition qui n’est pas faite que de promesses.

Jean Claude Boidin : incompréhension et inquiétude chez le partenaire européen

« Une transition, ce n’est pas seulement un rêve de terre promise de l’autre côté du pont; c’est d’abord la façon dont chacun franchit le pont et se comporte pendant le changement ». L’ambassadeur de l’Union Européenne à Madagascar a fait part de sa préoccupation sur la situation politique à Madagascar lors la célébration de la Journée de l’Europe. Il a mis l’index sur « certains comportements d’aujourd’hui qui ne sont pas à la hauteur des valeurs qui ont été au cœur des revendications ».

Si le régime de la transition a une mauvaise image, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même. « Chaque atteinte aux libertés, chaque dérapage influence négativement la perception de vos partenaires », affirme Jean Claude Boidin. Il avoue que, en tant qu’observateurs de la vie politique à Madagascar, les européens ne comprennent pas toujours la direction des choses. Il trouve même la situation inquiétante en voyant le conflit se raidir et perdurer quand il faudrait du dialogue.

Les européens s’inquiètent de « voir les rivalités de personnes prendre le pas sur les débats d’idées, les dénonciations du passé l’emporter sur les propositions d’avenir. Jean Claude Boidin souhaite que l’on s’inspire du bon exemple d’Ambatofinandrahana, une localité où il a été invité officieusement à une cérémonie officielle. « Ce que je retiendrai surtout, c’est l’atmosphère d’harmonie et d’entente qui existe entre les élus et la population, entre le maire, ses conseillers communaux, l’adjoint au chef de district et les raiamandreny du lieu, tous rassemblés pour le lancement du nouveau chantier. Quand Tana se disperse en luttes de pouvoir, les gens d’Ambatofinandrahana creusent le sillon du développement et bâtissent sur le consensus social ».

Les actions de coopération de l’Europe à Madagascar « se poursuivent partout où cela est possible ». La résolution adoptée par le parlement européen risque de limiter le partenariat enter les deux parties. « Notre engagement auprès des populations dans la lutte contre la pauvreté n’a pas faibli, et les moyens humains et financiers à mobiliser au titre du 10 ème FED restent considérables… Ce qui a changé, bien sûr, ce sont les conditions politiques et la nature juridique des relations que nous pouvons entretenir avec les pouvoirs publics ».

Le dialogue politique entre l’Europe et Madagascar sera déterminant pour la suite de la coopération. Il sera très particulier et sera plus politique que jamais. La partie malgache ne sera pas composée que par les autorités de la transition. Il y aura aussi les autres forces politiques et la société civile. Officiellement, l’Europe veut comprendre les changements en cours et les attentes de chacun. Le dialogue sera mené avec le Groupe de Contact International chargé de la résolution de la crise à Madagascar.