lundi , 13 mai 2024
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La commission électorale mise en place par la HAT est toujours en train de justifier son existence et prouver qu’elle est déjà en activité. A défaut d’élection à organiser et d’accord politique sur la gestion de la fin de la transition, la situation semble bloquée. Les préparatifs des élections ont une vague finalité soutenue par la simple conviction que, tôt ou tard, les élections auront lieu. Malgré une possible refonte si consensus il y a, la CENI de la HAT veut occuper le terrain.

La CENI avance sans but précis et se déploie sur tout le territoire

La commission électorale est malgré elle un outil de propagande de la HAT. Elle traduirait la volonté de Andry Rajoelina d’organiser des élections démocratiques, libres et transparentes. La commission souffre cependant de cette volonté politique de l’autorité de fait et sa création est assimilée à l’une des initiatives unilatérales faisant partie du forcing du régime à construire sa nouvelle république et à légitimer son pouvoir. Des élections législatives avaient été programmées par Andry Rajoelina pour mars 2010 alors que la CENI n’existait pas encore. Le référendum du 12 août 2010 devait être le premier chantier de la commission électorale mais une nouvelle fois, le scrutin a été reporté, la HAT devant toujours s’atteler à fabriquer un consensus politique.

Pour l’heure, la CENI apporte des justifications sur son existence. D’abord, le président Hery Rakotomanana insiste sur le fait que cette commission ne sera pas tendancieuse puisqu’elle est composée de juristes émanant de la société civile, du ministère de l’Intérieur et des sensibilités politiques. « La CENI essaie d’assumer et de respecter son devoir qui est décrit par le code électorale », ajoute le représentant de l’ordre des avocats. Selon Hery Rakotomanana, la loi sur les élections stipule que la mission de la CENI relève des préparatifs et de la surveillance des scrutins ainsi que la publication des résultats provisoires.

Faute d’élection à préparer, la CENI essaie de se déconcentrer et occuper l’ensemble du territoire. « Nous faisons l’effort de descendre au niveau des districts pour le contrôle des préparatifs et la mise en place des démembrements », explique Hery Rakotomanana.  Avant ces descentes sur terrain, la commission électorale va organiser une rencontre avec les 119 chefs de districts à Antananarivo. Dans le projet de démembrement de la CENI, neuf agents électoraux officieront dans chaque district. Ils seront supervisés par les dix agents au niveau de chaque région et auront sous leur autorité 7 membres de chaque commune. Les observateurs électoraux se déploieront à raison de 3 pour chaque bureau de vote dont le nombre total est d’environ 17 500. Selon la loi, ces agents issus de la société civile devront faire une déclaration sur l’honneur sur leur non appartenance à un parti politique.

Avec un personnel composé d’environ de 60 000 agents, la CENI a-t-elle les moyens d’accomplir sa mission. Ses héritages venant de son prédécesseur la défunte Commission nationale électorale (CNE) et du ministère de l’Intérieur qui a été délesté des préparatifs électoraux sont bien maigres.  Quelque 100 millions d’ariary pour le premier, le reste d’un budget d’environ 1 milliard d’ariary alloué par la loi de finance pour le second, sont bien insuffisants. Le HAT compte donner plus de moyens financiers à la commission avec une enveloppe de 3,750 milliards d’ariary.

Même si les démembrements son en cours de mise en place, le président de la CENI affirma que la commission est déjà prête à organiser une élection transparente. « Nous incitons les responsables du projet de constitution à le faire dans le délai indiqué », a déclaré Hery Rakotomanana. Une position plus que curieuse vu que c’est la CENI qui serait la première bénéficiaire du report du référendum.