vendredi , 17 mai 2024
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La réaction de la mouvance Rajoelina suite aux sanctions infligées par l’Union Africaine ne s’est pas limitée à un concours de bravade et de défiance. La commission Loi de la HAT propose des mesures visant à museler et neutraliser les opposants. Pis, les autorités de fait veulent utiliser l’appareil judiciaire pour mettre fin à toute activité d’opposition qu’elles considèrent comme de la déstabilisation.

La dérive dictatoriale : les autorités de fait se vengent sur les trois mouvances

La campagne de dénigrement envers l’organisation africaine,  comparant les sanctions à un coup d’épée dans l’eau pour minimiser l’impact sur les personnalités ciblées, n’a pas suffi pour apaiser la colère et la vexation de la HAT. L’UA est considérée comme un agresseur et les trois autres mouvances des « collabos ». La riposte de la mouvance Rajoelina n’est pour le moment qu’au stade de l’annonce. L’application des mesures punitives envers la mouvance Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka ne sera effective que par des décisions prises par l’exécutif ou par la création de nouveaux dossiers judiciaires.

Au lieu de renouer le dialogue comme le souhaitent l’Union Africaine et le Groupe international de contact, la mouvance Rajoelina fait une démonstration de force. Déjà par le passé, les arrestations des opposants à la HAT étaient considérées par l’autorité de fait  comme une preuve de l’effectivité de son pouvoir. Les membres de la HAT préconisent l’arrestation des leaders du mouvement de contestation du régime en place et du mouvement pour la réalisation des accords de Maputo et d’Addis Abeba. Rina Andrimandavy, président des jeunes TIM et des jeunes pro-Ravalomanana a été le premier à être arrêté par un dispositif militaire impressionnant.

Les sanctions brandies par la HAT contre l’opposition sont une réplique aux différentes mesures prises par le Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine. Les  deux anciens présidents de la République exilés ne sont pas autorisés à revenir à Madagascar par une interdiction officielle d’entrée sur le territoire. Les chefs de délégation des mouvances sont quant à eux frappés d’une interdiction de sortir du pays. Le deuxième aspect concerne le gel des avoirs. La HAT soupçonne les leaders de l’opposition de recevoir de l’argent de l’étranger pour financer le mouvement politique, les accusant de faire du « blanchiment d’argent ». Si la sanction est appliquée au niveau des banques primaires, ce sera une punition inédite appliquée ouvertement par le pouvoir contre l’opposition à Madagascar.

Le président de la Commission Loi de la HAT recommande de punir selon la loi les opposants qui manifestent. La justice est invitée à sévir en arrêtant le leader de ces mouvements. Le coup de force réalisé le 17 mars 2010 a laissé les autorités sur leur faim. En effet, le responsable de la force de répression en action ce jour là a regretté que les meneurs ne soient pas descendus dans la rue et n’ont pas été arrêtés, alors qu’ils disaient prendre part aux manifestations. La HAT recommande donc de procéder à des arrestations politiques. Destruction de bien d’autrui, troubles à l’ordre public, manœuvre de déstabilisation… les charges ne sont pas nouvelles.

La mouvance Rajoelina veut faire passer les trois autres mouvances comme des traitres à la nation. Si l’UA a pris des sanctions politiques sur des personnalités ciblées, la HAT répond par une sanction politique sur les trois mouvances en général. Un processus d’amnistie serait en cours mais sa suspension est demandée. Militer pour l’application de la charte de Maputo est devenu un délit. S’opposer à l’autorité de fait est presque un crime.