vendredi , 26 avril 2024
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Sans être traditionnelle, la société malgache a préservé certains principes et des mœurs qui définissent la place de la femme. L’égalité des genres est un concept nouveau et politique qui bouleverse un ordre établi. Elle apporte une nouvelle émancipation de ces reines qui viennent du ciel, de ces mères qui font la nation.

La femme malgache d’hier et d’aujourd’hui, du pouvoir au combat

« Andriambavilanitra », c’est un terme respectueux et élogieux pour qualifier la femme, obtenu par l’association des mots « andriambavy » (reine) et « lanitra » (ciel). C’est tout naturellement que la société malgache a été matriarcale avec des souveraines comme Rangita, Rafohy, Ranavalona, Rasoherina, Rasalimo…

Ont-elles vraiment exercé le pouvoir ? Certainement, du moins avant l’entrée de la politique au sein du royaume. La Reine Ranavalona I symbolise un pouvoir central fort, craint, indépendant et souverain. Depuis Andrianampoinimerina, la règle de succession fut étrange puisque le futur prince régnant était choisi par les descendantes des sœurs du roi. Si on parle des hommes comme étant les pères de la nation, cette dernière représente une femme, une mère patrie ou « Firenena ».

La femme malgache et la tradition du mariage

Du temps des rois, on choisit ses reines pour nouer des alliances politiques avec un royaume issu d’une autre ethnie. Il était possible de nouer beaucoup de traités de bon voisinage grâce à la polygamie. Dans la société, le mariage n’a pas dépassé ce contexte contractuel. Il était arrangé par les deux familles. Certaines unions se faisaient entre parents dans le but de préserver l’héritage.

Le contrat qui n’était pas écrit était considéré comme provisoire malgré les valeurs morales comme l’union jusqu’à la mort. Il est dissoluble par la répudiation. Le droit matrimonial de l’époque appliquait le « kitay telo an-dalana » dont le principe réserve les deux tiers des biens du couple au mari et le tiers à la femme. Le régime du bien commun a depuis évolué.

La femme suit le mari, cette règle est appliquée durant son vivant et même après sa mort. Elle change ainsi de rang social, généralement supérieur. Elle sera inhumée dans le tombeau de sa belle famille. Elle doit ainsi respecter d’autres traditions pour être intégrée à une autre ethnie ou se convertir à la religion de son époux.

Droits de la femme, le combat continue

Le niveau d’éducation de la femme dans les zones urbaines a changé ces pratiques qui sont encore respectées dans les campagnes. La femme soumise au service de son mari existe encore dans certaines régions. Elle fait la cuisine et les tâches ménagères. Elle ne se met pas à table avec son mari et attend patiemment que ce dernier finisse pour manger le reste. Une telle dévotion n’est pas pour autant considérée comme dégradante.

Elle a accès à l’éducation et à la santé, elle a le droit de vote… que peut-on revendiquer pour les droits de la femme d’aujourd’hui ? L’égalité. Les filles arrêtent l’école plus tôt que les garçons à qui les parents donnent la priorité quand les moyens sont insuffisants pour les scolariser tous. Le système de l’héritage, surtout pour les propriétés foncières, exclut les femmes mariées censées appartenir désormais à la famille de son mari. Les hommes perpétuent la lignée et le nom du patriarche ou Anarandray. La propriété foncière pour les femmes est donc un long combat.

En 2014, les féministes malgaches militent pour l’engagement politique de la femme et leur accès aux grandes responsabilités. Une dure réalité mérite une plus forte mobilisation : la traite d’être humain. D’apparence légale, celle-ci se manifeste par l’envoi de salariées au Moyen-Orient par des agences. Nombreuses sont celles qui y vivent un calvaire ; certaines ont fait le voyage du retour dans un cercueil. Des jeunes femmes sont flouées et se retrouvent vendues et mariées à des paysans chinois handicapés au lieu de travail. La nation a du mal à sauver ses filles en détresse, livrées à leur propre sort à l’étranger, victimes de l’esclavage moderne.