vendredi , 3 mai 2024
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Les deux nouveaux médiateurs dans la crise malgache font-ils marche arrière. Les ambassadeurs de la France et de l’Afrique du sud à Madagascar adoptent un discours prudent sur la tenue ou non de la réunion de Pretoria II et se rangent volontairement derrière la position de la communauté internationale. Le coup de pouce supposé à la HAT est démenti.

La France ne suit pas Andry Rajoelina et veut la poursuite du dialogue

La France et l’Afrique du sud n’entrent pas dans le jeu de Andry Rajoelina qui a voulu faire de l’échec calculé de Pretoria un prétexte d’écarter définitivement les trois autres mouvances politiques. L’ambassadeur français a réitéré son engagement à aider les parties malgaches à trouver la solution dans le dialogue et dans l’ouverture. « Il faut être prêt à accepter à faire des concessions, à accepter certaines choses », clame Jean Marc Châtaigner. Le consensus est encore loin d’être trouvé. « Nous n’y sommes pas encore arrivés mais nous y travaillons », poursuit avec optimisme le diplomate français.

Malgré l’appel au dialogue des auteurs de la proposition de feuille de route avortée, Andry Rajoelina s’apprête à faire un pas unilatéral en remaniant le gouvernement Vital. L’ambassadeur français n’a pas souhaité commenter le projet de gouvernement de salut public de la HAT. Par contre, il serait de facto contre cette initiative. « Nous ne sommes pas pour une politique unilatérale », a-t-il rappelé lors de la célébration de la Journée de l’Europe. L’ambassadeur insiste sur « une solution qui soit acceptée par le plus grand nombre de malgaches et de groupes politiques » comme devraient l’être les élections à venir.

La rencontre de Pretoria II n’est pas totalement enterrée. L’ambassadeur sud-africain a confirmé la disponibilité de son pays à réaliser le souhait de la communauté internationale de voir la crise malgache se résoudre. La feuille de route française proposée avec le concours de Jacob Zuma semble déjà dépassée. Jean-Marc Châtaigner n’y fait pas une fixation particulière. « Il faut amener les parties malgaches à un socle commun », dit-il, afin de revenir au dialogue.

Pour rappel, Andry Rajoelina avait déjà refusé de dialoguer mais a assisté aux rencontres de Pretoria « par respect au président Zuma ». Visiblement, la proposition française n’a pas été un socle commun. Le jeune président de la HAT a bluffé en affirmant qu’il ne restait plus qu’à signer. Pour preuve, il a sorti un communiqué des ambassadeurs français et sud-africains que Marc Ravalomanana essaierait de faire mentir en niant d’avoir accepté d’avance sans en discuter ladite feuille de route.

Depuis, le président évincé a mis les points sur les « i », affirmant qu’il a reçu tardivement la proposition et n’a jamais accepté de signer à blanc. Andry Rajoelina a donc eu raison sur un seul point : la proposition a été envoyée à Marc Ravalomanana. De là à dire que c’est de facto accepté, il y a un grand pas. Questionné sur la formation d’un nouveau gouvernement et le refus de Andry Rajoelina de négocier, l’ambassadeur Châtaigner se désolidarise de son supposé « poulain ». « Chacun est responsable de ce qu’il dit », souligne-t-il.

La France essaie par ailleurs de clarifier sa position en jouant la carte de la neutralité, se rangeant à nouveau aux côtés de la communauté internationale. L’échec de sa proposition a mis à mal la diplomatie de Paris et les pays africains affichent leur mécontentement à propos de cette « ingérence » typique de la Françafrique. Officiellement, la France ne cautionne plus Andry Rajoelina dans ses initiatives unilatérales. Elle est aussi critiquée pour sa coopération militaire avec la HAT qui est un régime issu d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement. Que l’on se rassure, la rumeur d’un financement occulte visant à convaincre l’armée malgache a été démentie.