dimanche , 28 avril 2024
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Rien ne va plus même si les affaires courantes et les enseignements sont assurés, en apparence. Les universités sont en train de mourir à petits feux, la faute à un régime impuissant qui n’a plus de moyens financiers ni de bonnes idées pour développer l’enseignement supérieur ; à une crise latente mal vécue par les enseignants chercheurs, le personnel administratif et les étudiants. Pire, la violence prend de l’ampleur et les affrontements sont sanglants. Alors qu’il laisse mourir les six universités, Andry Rajoelina déjà en campagne électorale annonce la création d’une nouvelle université à Antsirabe.

La HAT va-t-elle tuer les six universités de Madagascar ?

L’Etat HAT a-t-il le choix quand il coupe les vivres aux universités. Le problème est avant tout financier. Pour le cas de l’université d’Antananarivo, seulement 24% d’un budget 2012 de 53 milliards d’ariary ont été versés. Ce qui ne permet que la survie de l’institution et de ses facultés ou écoles. Les étudiants en médecine ont été les plus chanceux, car ils ont pu bénéficier de leur indemnité de stage. Cette faveur a été due à une mesure de prévention contre la grève des paramédicaux dont les revendications ne seront pas satisfaites durant la transition.

Pour ce qui est des bourses d’études, tous les étudiants sont logés sous la même enseigne. Rien. Cela fait quatre mois qu’ils ne sont pas passés à l’agence comptable. La tension est montée d’un cran puisque certaines facultés prévoient d’organiser des examens dès mi-novembre. Celles-là ont en effet commencé l’année universitaire avant les autres, en mai 2012. Même les indemnités d’équipement de 66 000 ariary censés aider les étudiants à acheter des fournitures au début des cours n’ont pas été versées.

L’université d’Antananarivo est entrée dans une spirale de dettes. Elle n’arrive plus à payer les factures de l’imprimerie nationale, de la Jirama et des autres fournisseurs. En 2007-2008, Ankatso a été remis sur le bon chemin et pouvait payer ses dépenses en électricité. Ce qui n’est plus le cas depuis la transition. La Jirama a essayé de mettre la pression en coupant le courant dans le campus, mais la mesure a été aussi radicale qu’impopulaire pour être maintenue.

Pourquoi l’année universitaire à Madagascar se déroule-t-elle sur une année civile, allant quand tout va bien de mars à novembre ? C’est parce que le ministère des Finances est incapable d’établir un budget sur deux années, c’est-à-dire sur deux lois de finances, si les cours ont lieu d’octobre à juin. Les bourses d’études sont un poste budgétaire important puisqu’elle est devenue un droit que seuls les redoublants et les absentéistes n’auront pas. Elle vaut entre 22 000 et 50 000 ariary.

Violence universitaire

De nouveaux affrontements à l’université ont fait des blessés, dont un gravement atteint à la tête. Ils opposaient les étudiants d’Ankatso aux chauffeurs et receveurs des taxi-be. Les étudiants ont manifesté pour réclamer leurs bourses d’études et en ont profité pour dénoncer la hausse prévue des frais de transport urbain. Cette violence est certes moindre par rapport à la trentaine de blessés suite aux affrontements entre étudiants originaires d’Antananarivo et d’Ambilobe à l’université d’Antsiranana.  Le litige était né d’un problème social récurrent, le logement universitaire.

La HAT a réalisé quelques projets pour les universités pour planter un arbre qui cacherait la forêt comme la construction de bâtiments-dortoirs. Elle a refusé de satisfaire les enseignants chercheurs qui ont été lésés au profit de l’armée, retardant ainsi la fin de l’année universitaire 2011 et le début de 2012. En tout cas, l’année blanche a été évitée, mais les diplômes décrochés durant cette période de transition risquent de ne pas avoir la même valeur. L’annonce d’une nouvelle université à Antsirabe n’est pas une bonne nouvelle pour les six autres qui risquent d’être privés de budgets.