samedi , 4 mai 2024
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Avant même la signature des accords convenus au Carlton à Antananarivo entre les quatre mouvances, Andry Rajoelina est devenu de fait le président de la transition. Contraint par la précipitation des événements et face à la menace d’un gouvernement « insurrectionnel », il a procédé à la nomination du nouveau chef de gouvernement issu d’un consensus, Eugène Mangalaza.

La présidence de la transition

Le premier acte officiel signé par le président de la transition a été la nomination du premier ministre, chef du gouvernement d’union nationale de transition. Il s’agit, comme convenu entre les quatre mouvances, de Eugène Régis Mangalaza. Issu de la mouvance Ratsiraka, ce professeur d’université figure parmi les exilés qui ont quitté le pays lors de la crise postélectorale de 2002.  

Pour nommer le premier ministre de consensus, la présidence de la HAT fait référence à la Constitution de la République, à la charte de Maputo I et à la ratification de cette charte par les autorités de transition de fait. La décision est la suite logique des prémisses d’accord arrachées entre les quatre mouvances. Pour cette ordonnance, l’application immédiate après diffusion médiatique et indépendamment de la publication du journal officiel prend tout son sens.

Course contre la montre

Cette nomination express est une réaction au torchon qui brûle dangereusement entre Andry Rajoelina et son premier ministre Monja Roindefo. Vendredi, le président de la HAT a tenté de justifier l’éviction de son chef de gouvernement par l’intérêt suprême de la nation et la situation compliquée dans lequel se trouve le pays sur le plan économique. Andry Rajoelina n’avait pas prévu la réaction presque rebelle de son premier ministre qui n’a pas digéré son limogeage.

 « Le gouvernement légal mis en place par la lutte populaire continue son travail ». Monja Roindefo s’est défendu en expliquant que les initiatives de la médiation internationale ne devraient pas le concerner en tant que chef du gouvernement de la transition. « Ce n’est pas une déclaration ni un communiqué du GIC qui permettrait de désigner un premier ministre ». Il crie donc à l’illégalité de la désignation de Eugène Mangalaza.

Guerre interne

La mouvance Rajoelina a volé en éclat suite à l’annonce du président de la HAT de sa volonté de se plier aux accords de Maputo. Andry Rajoelina a beau affirmé avoir fait tout son possible pour préserver son compagnon de lutte Monja Roindefo, allant jusqu’à lui proposer le poste de vice-président de la transition pourtant promis à la mouvance Zafy. Le chef du gouvernement nommé sur la place du 13 mai revendique le sacrifice qu’il a fait en menant la foule à Ambohitsorohitra le 07 février 2009 et condamne un « détournement de la lutte populaire » par les arrivistes qui sont montés dans le TGV en marche.

Monja Roindefo a jeté sa dernière carte en essayant de garder la tête d’un gouvernement insurrectionnel et qui n’obéit donc plus à Andry Rajoelina. Il a été aussitôt désavoué par ses ministres qui ont déclaré publiquement ne plus recevoir de l’ordre de leur ancien chef. Ces membres du gouvernement restent en poste jusqu’à ce que la nouvelle composition issue des quatre mouvances soit connue.  Monja Roindefo quant à lui est une nouvelle fois le premier candidat déclaré à la course aux présidentielles. Il pourrait devenir très vite l’adversaire numéro un de Andry Rajoelina.