dimanche , 19 mai 2024
enfrit
La HAT veut persuader le Groupe international de contact et l’Union Africaine que l’atelier « Teny ifampierana » et son consensus élargi peut faire oublier la charte de la transition consensuelle et inclusive signée à Maputo. La manœuvre consiste à renforcer les autorités de fait en s’entourant de nouveaux alliés sous couvert de l’ouverture politique.

La résolution anti-Maputo de la HAT : un pouvoir à renforcer par une ouverture élargie

Les résolutions de l’atelier de la HAT qui s’est tenu à Ivato les 04 et 05 mars 2010 ont retenu en premier le lieu le renforcement du pouvoir de Andry Rajoelina à la tête de l’autorité qui dirige le pays. La différence avec la charte de Maputo et l’acte additionnel d’Addis Abeba est qu’il n’y a pas de partage de pouvoir au sommet de l’exécutif. La mouvance Rajoelina a obtenu une autre reconnaissance de ses invités : le premier ministre Camille Vital est maintenu. Le duo devrait régner sur le pays au plus tard jusqu’à la fin de l’année 2010.

Où est le consensus dans un tel gouvernement ? Le colonel a la mission de proposer les membres d’un gouvernement d’union nationale ouvert à toutes les forces politiques et à la société civile. Or, l’équipe gouvernementale présente, bien que formée en 72 heures par Monja Roindefo, est censée répondre à ce critère d’ouverture. La HAT a déjà débauché des personnalités qui ont fait partie des trois mouvances. C’était sans compter sur la versatilité des politiciens puisque les intéressés sont désormais perçus comme des membres entiers de la mouvance Rajoelina. 

Comme les ministres de la mouvance Rajoelina sont intouchables et inamovibles, la grande ouverture va s’opérer au niveau de l’institution HAT. Réorganisée par Andry Rajoelina, cette assemblée qui n’a finalement pas aucun pouvoir mais des privilèges a été réduite à un rôle de conseil. Quitte alors à ratisser large en matière d’inclusivité. L’ouverture se fera vers les forces politiques, les membres de la société civile et les entités à Ivato. Cela représente quelque 500 personnes à caser ! Là, on s’éloigne définitivement des accords politiques de Maputo et d’Addis Abeba, qui ont défini une clé de répartition des responsabilités durant la transition inclusive et consensuelle.

Le rôle à attribuer à l’assemblée constituante reste floue. L’idée d’une assemblée nationale de transition n’a pas été retenue. Ce qui signifie que les futurs députés ne seront pas consultés pour constituer un gouvernement mais seulement pour l’adoption d’une nouvelle Constitution de la république. L’essentiel est pour la HAT de spécifier que les membres de cette assemblée constituante seront votés par suffrage direct. Dans la charte de Maputo, les membres du congrès sont désignés par les mouvances politiques. Le suffrage universel sera requis pour le vote de la Constitution en organisant un référendum.

L’atelier d’Ivato n’a pas encore résolu toutes les problématiques de la formation de la Commission électorale nationale indépendante. La priorité était de confirmer le président de la HAT, son premier ministre et l’élection unilatérale d’une assemblée constituante. Le consensus élargi se contente de faire une déclaration politique très vague. « La CENI va préparer une élection juste, libre et transparente, réviser les textes et lois électoraux ». Ce qui est nouveau c’est de confier la loi électorale à cet organe qui est a priori apolitique. La conférence nationale de la HAT va plutôt s’attaquer à d’autres textes : la Constitution, l’amnistie, le code de la communication, la loi sur les partis. Elle va s’atteler à maîtriser le sort des adversaires de la mouvance Rajoelina et définir un statut pour les anciens chefs d’Etat et l’opposition.