dimanche , 5 mai 2024
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La crise politique a engendré une nouvelle forme de crise économique à Madagascar. La classe moyenne est la grande victime du coup d’Etat perpétré par Andry Rajoelina et son équipe.

La Transition a fait plus de 20.000 sans emplois dans les environs de la capitale

Depuis le début de la crise, un grand nombre d’employés des entreprises privées se retrouvent malgré eux sur le pavé. Les pillages perpétrés par des manifestants incontrôlés, au début du mouvement de foule dirigé par Andry Rajoelina, ont obligé certaines entreprises moyennes à revoir leur effectif.

Au fil des semaines et des mois, la baisse du niveau de consommation a contribué aux difficultés économiques. Rien que dans la capitale et ses environs, des groupements professionnels estiment à environ 20.000 le nombre de personnes qui ont perdu leur emploi en raison de la crise. L’arrêt des projets de développement qui ont fonctionné grâce à des aides financières extérieures a également gonflé le nombre de ceux qui ont perdu leur revenu régulier.

« J’ai travaillé dans un cabinet d’étude, j’ai été licencié en raison de la crise », témoigne Ony, jeune diplômée, qui a désormais une dent contre le président de la Haute Autorité de la Transition, Andry Rajoelina, qu’elle accuse d’être à l’origine de son chômage.

« Nos clients commencent à nous lâcher à cause de la crise » affirme pour sa part Tsiky, également très en colère. Elle travaille dans une société d’édition.

Des dirigeants d’écoles privées de la capitale rapportent par ailleurs qu’un certain nombre de parents ont du mal actuellement à assurer les frais de scolarité de leurs enfants, faute de revenus stables.

La classe moyenne malgache, dont une frange non négligeable connaît ainsi des problèmes de revenus, doit dans le même temps faire face à l’envolée des prix de certains produits de première nécessité, toujours en raison de la crise socio-politique. Certains produits auraient connu une hausse de prix de l’ordre de 40% depuis le début de la fameuse « révolution orange » de Rajoelina. L’huile alimentaire et les produits laitiers sont plus particulièrement concernés par l’envolée des prix.

Les solutions proposées par les autorités de la Transition, au sujet des produits de première nécessité, sont toutefois loin de satisfaire les attentes. L’huile alimentaire vendue à bon marché n’a fait que provoquer des longues files d’attente interminables devant les lieux de distribution, rappelant même l’époque de pénurie de la Révolution socialiste des années 1980. Le riz bradé à 500 Ariary le kilo a suscité la grogne des professionnels du secteur, tandis que le prix de la baguette de pain ramené à 200 Ariary, contre 300 Ariary d’habitude, était loin de répondre aux désirs des consommateurs en raison de la piètre qualité du produit. 

Si la crise politique perdure, la situation économique pourrait pourtant empirer. La « menace » à peine voilée des américains sur la perte des avantages de Madagascar liés à l’American Growth opportunity Act (AGOA), si l’élection présidentielle ne se tient pas cette année, risque d’aggraver les problèmes d’emploi et de revenus. Un grand nombre d’entreprises d’exportation ou de transport maritime dépendent en effet de l’AGOA. L’arrêt des exportations vers les Etats-Unis signifie arrêt des activités pour les entreprises concernées et chômage pour les employés.