mardi , 21 mai 2024
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La proposition des trois mouvances a eu un écho prévisible dans le camp Rajoelina. L’association TGV a eu une réaction épidermique et crie à un anti-patriotisme. La grande famille de l’armée prévient toute division par une déclaration commune. Non à la nomination d’un militaire à la tête de la transition.

La transition présidée par un militaire : militaires et pro-Rajoelina refusent

De manière solennelle, l’armée a donné une fin de non recevoir à la proposition des mouvances Ravalomanana, Ratsiraka et Zafy de confier les postes de président, de vice-président et de premier ministre de la transition à des militaires. « Nous nous opposons à la mise en place d’un directoire militaire », lit le général Ravelomanana, secrétaire d’Etat à la gendarmerie, dans un communiqué.

« Nous nous opposons à toute nomination qui n’a pas reçu l’aval des commandements de l’armée ». La grande muette fait-elle allégeance à Andry Rajoelina et aux colonels qui dirigent les hommes en uniforme ? En tout cas, le message à faire passer est l’unité en dépit des divisions latentes qui minent les casernes.

Pour cela, les pro-Rajoelina rappellent qu’il n’y a qu’un seul commandement. Ils condamnent toute initiative politique ou autre visant à attiser la division des armées. Des mesures sont à prendre contre les officiers qui seraient tentés d’accepter les hautes fonctions de la transition. Le coup de force contre le directoire militaire pour faire transmettre le pouvoir à Andry Rajoelina le 17 mars 2009 est un « acquis » à ne plus remettre en cause comme tant d’autres.

Les forces armées insistent sur le fait qu’elles ne font pas de politique, conformément à la résolution des assises militaires. L’ancien président Albert Zafy a voulu prendre au mot les haut gradés de l’armée. « Comme ils affirment haut et fort leur neutralité politique, c’est une bonne raison de leur confier la direction de la transition », s’est-il justifié.

Il en faut plus pour apaiser la tension. L’association TGV hausse le ton.  « Quoiqu’il advienne, c’est Andry Rajoelina qui est le président de la Haute autorité de la transition ou le président de la transition, il est le président de la République ». Comme fait le Monima pour Monja Roindefo, le TGV montre les crocs : « nous n’allons jamais accepter » que la direction de la transition soit confiée à des militaires.

Paradoxalement, ceux qui remettent en cause les postes de Andry Rajoelina et de Monja Roindefo sont accusés d’égoïsme et d’anti-patriotisme. Au regard des conséquences fâcheuses que risque le pays, l’intransigeance des défenseurs des acquis après la prise de pouvoir par la rue et par la force en mars dernier n’est bénéfique que pour une poignée de politiciens et d’officiers. Le ticket Rajelina – Monja en vaut-il le prix.

La proposition des trois mouvances n’a pas une grande chance d’être considérée par le Groupe international de contact comme étant la solution consensuelle pour une sortie de crise. Au contraire, elle permet de mettre en exergue l’absence de consensus politique sur les trois derniers rôles à partager mais qui sont les plus importants. Joaquim Chissano avait tout faux quand il déclara que « diriger la transition n’est pas très importante, ce n’est pas la fin de tout ».