samedi , 18 mai 2024
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Après les radios de propagande au service de la HAT, c’est le chef du gouvernement de la transition lui-même qui s’est attelé à tancer l’ambassadeur des Etat-Unis à Madagascar. Niels Marquardt qui a émis des critiques objectives sur la situation politique du pays est prié de se taire ou de partir !

L’ambassadeur Niels Marquardt invité à se taire, sinon…

Ingérence, c’est le motif évoqué par le premier ministre de la transition pour réprimander l’ambassadeur américain à Madagascar. Niels Marquardt a toujours dénoncé le coup d’Etat du 17 mars 2009 auquel il a assisté lui-même à Antanimena. Contraint de fuir les lieux dans des circonstances rocambolesques, le diplomate a été très marqué par sa mésaventure. « Je ne me serais jamais attendu à cela, en venant ici, à Madagascar », a-t-il regretté.

Depuis, la machine de propagande de la HAT s’attaque régulièrement à la communauté internationale. Le discours est sans ambiguïté : « c’est la faute à ces organisations internationales et ces pays étrangers qui ne reconnaissent pas le régime de la transition si la crise perdure à Madagascar… Ce ne sont pas les étrangers qui vont remettre en cause une légalité admise par la Haute cour Constitutionnelle ».

Comme l’ambassadeur Niels Marquardt a été la cible préférée de cette propagande anti-communauté internationale, il aurait lui-même demandé une interview chez la station de radio de Andry Rajoelina pour s’expliquer dans ce qui pourrait être appelé un droit de réponse. Le diplomate n’est pas revenu sur ses propos concernant le coup d’Etat. Il a suggéré la tenue dès cette année 2009 d’une élection présidentielle à Madagascar afin que le pays retrouve l’ordre constitutionnel.

Qu’est-ce qu’il peut y avoir de grave dans de tels propos pour attiser la furie de la HAT. L’ambassadeur américain n’est d’ailleurs pas le premier représentant d’une instance international ou d’un pays à formuler le vœu de voir les malgaches élire au plus vite leur président de la République. Pourquoi donc le gouvernement de transition « s’entête » et refuse le dialogue alors qu’une reconnaissance internationale dans un meilleur délai pourrait être bénéfique pour eux et pour tout le pays.

La position de la communauté internationale, qui ne reconnaît que le président élu et dénonce un changement de pouvoir de manière inconstitutionnelle, serait perçue comme une « partialité » en faveur de Marc Ravalomanana. De même, une élection présidentielle dès cette année n’est pas souhaitée par la HAT qui veut prendre son temps pour faire main mise sur le pays et effacer l’influence du précédent régime, et entre-temps, rendre monsieur Ravalomanana inéligible.  

Par ses interventions dans les médias, Niels Marqaurdt est donc un obstacle pour la HAT. Le premier ministre Roindefo laisse entendre que si le diplomate persiste, il serait mieux pour lui de quitter le pays. Une invitation au silence ou à la retenue qui voile à peine une menace d’expulsion à l’encontre du diplomate américain. Pas habitué au discours diplomatique policé et conventionnel, « Niels Marquardt dira  toujours ce qu’il pense, tant qu’il sera là », confie une source proche de l’Ambassade américaine. On ne peut même plus critiquer ou faire une proposition sans attirer la foudre des autorités.

Ce qui est étonnant c’est que, du côté des « légalistes » on considère également « l’ingérence » d’une autre partie de la communauté internationale, menée par la France, et qui serait la cause, selon eux, sinon du coup d’Etat, mais en tous les cas de cet « entêtement » de la HAT à rester au commandes.