jeudi , 2 mai 2024
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Le président de la République est au chevet du sud qui crie famine. Tout en rapportant ce déplacement et la souffrance quasi-cyclique de la population du deep south malagasy, la presse veut aller au-delà en posant des questions sinon des suggestions qui pourraient susciter l'amorce d'un vrai débat de société. Du moins, si la politique politicienne ne s'en mêle.

L’amorce d’un débat de société?

« La vie nationale offre le spectacle peu courant d’une bonne volonté qui veut faire avancer les choses et d’autres bonnes volontés qui au nom de la même bonne volonté, freinent des quatre fers et semblent bien y réussir ». L’image esquissée par L’Express de Madagascar se passe de commentaire. « Voilà en raccourci l’histoire de Madagascar depuis l’indépendance », déplore le quotidien qui se demande s’il n’y pas « d’autres moyens de montrer que l’on n’est pas d’accord et que l’ultime objectif n’est pas de faire passer un gouvernement à la trappe pour prendre place dans le prochain ». Fidèle à sa ligne éditoriale, L’Express ne manque pas de soulever cette question de pratique politique et d’éthique dans ses colonnes. Pressé comme la majorité des Malagasy de voir « ce fameux développement rapide et durable, sur lequel tout le monde semble être d’accord », le quotidien s’interroge si le moment n’est pas venu « d’y aller enfin ».



Madagascar Tribune va également dans le même sens. « En cette période où la société entière aspire et s’attend à un changement réel et avec l’appui affiché des partenaires financiers, avance-t-il, l’opportunité des débats démocratiques à propos de la lutte contre la corruption confortera la stabilité politique du pays ». Et ce, afin que « la confiance des citoyens au régime en sorte grandie ». Ce quotidien rapporte les résolutions d’une association politique, le Teza, qui « attire l’attention sur la justice appliquée à Madagascar qui ne sied pas à la culture malgache cultivant les relations de bons voisinages sans toutefois méconnaître les criminels et les crimes ». De ce côté là, des réformes en profondeur sont nécessaires. Pour Tribune, « si la corruption a la vie aussi dure c’est parce que les lois, les textes et les réglementations ont été confectionnés de manière à ce qu’un certain flou existe ». Ainsi, « pour réduire au maximum les risques de corruption le « Teza » suggère qu’un manuel de procédures soit exigé, notamment en matière d’octroi de marchés ».



Midi Madagasikara critique quant à lui les opposants actuels qui, selon lui,  » n’arrive pas à formuler un projet bien « juste et honorable  » pour répondre aux exigences de l’Etat de droit que le pouvoir actuel veut instaurer ». Pour Midi, « l’Arema (parti fondé par l’ancien président Didier Ratsiraka et dirigé par le Secrétaire national Pierrot Rajaonarivelo, ancien vice-Premier ministre, tous les deux étant aujourd’hui en exil en France) et le CRN (Comité pour la Réconciliation Nationale dirigée par l’ancien président Zafy Albert) se contentent de réclamer tout simplement la libération des détenus à l’issue des événements 2002, en fermant les yeux sur la partie judiciaire et humanitaire de la question ».



Plus critique envers les pouvoirs publics, La Gazette de la Grande Ile dénonce la gestion de la famine dans le sud par l’Etat qui « n’a rien adressé rien de bien consistant » dans cette partie de l’île pour atténuer le problème alors que « si on n’y prend garde, cette progression sournoise de la famine peut déboucher sur un drame humain ». Pour La Gazette de la Grande Ile, le moment est venu également de voir loin, de trouver une solution durable à cette question en mettant en œuvre « une initiative vigoureuse pour éradiquer la famine cyclique dans le Sud, ou tout au moins pour atténuer les effets de la sécheresse sur le vécu quotidien des habitants ».