mercredi , 1 mai 2024
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Les militaires auraient aimé que le président de la HAT publie plus tôt un NOTAM contre Marc Ravalomanana. Le commandement de l’armée qui s’est positionné publiquement contre ce retour et n’a pas apprécié d’être défié. Ce qui était la grande muette a mis la pression sur Andry Rajoelina qui a été obligé de violer une nouvelle fois la feuille de route.

L’armée fait pression sur Andry Rajoelina

Samedi matin, le gouvernement Beriziky était pourtant réuni en conseil. L’ordre du jour a été la mise en place de la CENI. Le cas du retour du président en exil n’a pas été abordé. La décision de ne pas procéder à une arrestation de Marc Ravalomanana n’a pas été prise, ni le contraire non plus.

Finalement, tout était à l’appréciation de l’armée dont celui du général Richard Ravalomanana chargé de réprimer dans la légalité toute opposition politique. Le commandant de l’Emmo Reg a insisté sur son intention de procéder à l’arrestation malgré la déclaration du ministre de la Défense qui disait que les forces de l’ordre se limiteront à maintenir l’ordre public.

La veille, Andry Rajoelina a remis le drapeau à 40 promus généraux et leur ont demandé de prendre leur responsabilité devant toute menace contre l’ordre établi. Finalement, c’est lui qui a dû prendre sa responsabilité en violant sciemment la feuille de route par ce NOTAM. 

Le plus haut gradé de l’armée a pourtant fait allégeance en promettant de défendre le régime contre les troubles. Les militaires étaient bel et bien présents à Ivato pour contrôler la foule. Ils n’étaient pas prêts à refaire en mode réel la manœuvre sur l’arrestation du président Ravalomanana, effectuée quelques jours plus tôt.

Le général de corps d’Armée Ranto Rabarisoa s’est signalé par sa déclaration sur son opposition contre le retour au pays de Marc Ravalomanana. Si Didier Ratsiraka a déjà fait une telle démonstration lors de son retour, « l’autre fera encore plus ».

Dans cet affrontement à distance entre la mouvance Ravalomanana et la HAT, c’est l’armée qui a perdu la face. Les militaires pro-HAT ont fait pression sur Andry Rajoelina pour qu’il fasse barrage au retour au pays du président Ravalomanana. Tant pis pour la feuille de route qui ne convient pas à l’armée ! Les tentatives de dissuasion n’ont pas fonctionné. 

Un autre général pro-Rajoelina et ouvertement anti-Ravalomanana a rameuté la troupe, la veille, sur une chaîne de télévision. 80% des militaires seraient contre le retour du président en exil ; Marc Ravalomanana n’a-t-il pas peur pour sa vie ; aucun diplomate ne va risquer sa vie pour Marc Ravalomanana… la menace était explicite.

Les militaires pro-Rajoelina cultivent la peur chez leur chef suprême et demandent à ce dernier de ne pas écouter « les politiciens ni ses conseillers qui ne veulent que sa perte ». Pour garder le pouvoir, un pacte avec l’armée serait plus bénéfique qu’une solution politique.  En tout cas, l’armée a repris une partie du pouvoir qu’il a donné au maire élu d’Antananarivo.

Un retour au pays du président en exil est considéré comme un coup d’Etat contre les putschistes qui ont accepté de partager le pouvoir. Sous l’influence du discours des militaires, Andry Rajoelina parle d’un vent dangereux qui va souffler sur le peuple.

La stratégie consisterait à mettre l’armée en première ligne comme étant l’ennemi juré de Marc Ravalomanana. Le mandat d’arrêt suite à un procès politique et jugé par un tribunal incompétent, dans le sens juridique du terme, n’est qu’un prétexte devenu anecdotique.

Il y a toujours eu une transition consensuelle et inclusive à Madagascar depuis 2009. C’est entre Andry Rajoelina et l’armée qui l’a aidé à prendre le pouvoir et qui le lui rappelle aujourd’hui. Qui commande qui ?  En maintenant Andry Rajoelina au pouvoir, les généraux se maintiennent aussi à la tête de l’armée. Ils gardent un pouvoir qu’un président élu ne pouvait leur accorder.