mercredi , 15 mai 2024
enfrit
La mutinerie d'une frange de l'armée a bouleversé le rapport des forces dans la crise politique malgache. Malgré les appels successifs à l'unité, l'armée aura du mal à recoller les morceaux.

L’armée scindée en trois factions

Trois tendances sont observées au sein de l’armée malgache malgré les appels à l’unité. D’un côté, les mutins qui ont pris ouvertement position en faveur de l’ex-maire de la capitale, Andry Rajoelina, à la tête d’un mouvement réclamant le départ du président Ravalomanana depuis près de deux mois. De l’autre, les militaires restés loyaux à l’égard de Marc Ravalomanana, retranché depuis des jours dans le palais d’Etat de Iavoloha, à une dizaine de kilomètres au sud de la capitale. Et enfin, des officiers et sous-officiers qui souhaiteraient la neutralité absolue de la Grande muette et qui formeraient la grande majorité de la troupe mais qui seraient désorganisés, face à la conjoncture politique actuelle.

Pour le moment, les plus visibles au sein de l’armée sont ceux qui se sont rangés du côté de Andry Rajoelina. Cette faction est dirigée notamment par le nouveau Chef d’état-major, André Ndriarijaona, placé par le mutins, et le colonel Noël Rakotonandrasana, principal leader de la mutinerie du camp Capsat. Cette faction vient de prendre possession du palais présidentiel d’Ambohitsorohitra, en plein coeur d’Antananarivo, le soir du 16 mars. Un palais occupé le 17 mars par Andry Rajoelina qui s’est auto-proclamé président de la Transition à Madagascar.

Pour leur part, les officiers proches de Marc Ravalomanana continuent d’assurer la protection du palais de Iavoloha. La garde présidentielle n’est plus toutefois ce qu’elle a été. Certains éléments ont décidé de rejoindre leur corps d’origine mais d’autres militaires ont toutefois grossi le rang de ceux qui ont continué à assurer la sécurité physique du président.

Ce qu’un officier supérieur qui a requit l’anonymat qualifie de « majorité silencieuse » serait ceux qui ne désirent prendre position ni pour l’un ni pour l’autre camp dans la crise politique que Madagascar traverse actuellement. Faute de leader pour s’imposer, ce groupe est toutefois trop désorganisé pour pouvoir s’exprimer et renverser la tendance.