lundi , 6 mai 2024
enfrit
L’exportation de bois de rose se trouve au cœur de la crise politique liée au blocage de la formation du gouvernement de consensus. Albert Zafy accuse l’administration Rajoelina d’avoir quelque chose à cacher et souhaite que la lumière soit faite sur le pillage autorisé des ressources naturelles du pays. Le ministre de l’environnement de la HAT dresse quant à lui un bilan positif de la période d’exception, mettant en avant les recettes perçues par l’Etat.

Le bois de rose à l’heure du bilan, des comptes à régler

L’arrêté ministériel donnant des agréments d’exploitation de bois précieux, en l’occurrence, du bois de rose a pris fin le 30 novembre 2009. A l’heure du bilan, les politiques se chamaillent encore sur le bien fondé de cette mesure qui a été dans tout les cas une catastrophe pour l’environnement. Le ministre de l’environnement de la HAT rapporte que l’ouverture temporaire de l’exportation a permis à l’Etat d’engranger une recette de 30 milliards d’ariary. Le général Calixte Randriamiandrisoa estime à 100 millions d’ariary le montant perçu par conteneur et avance un chiffre de 300 conteneurs exportés.

Le ministre de l’environnement se montre plutôt satisfait du travail du task force  mis en place pour assainir le milieu. Quelque 30 000 rondins de bois de rose ont été saisis, ainsi que 20 000 plaquettes et 600 bois carrés. Selon Calixte Randriamiandrisoa, un appel d’offre public sera lancé pour que l’Etat puisse en tirer bénéfice. Le ministre de l’environnement a une vision plutôt commerciale de la gestion de l’exportation de bois de rose. Il attaque sur ce front le précédent régime qui avait permis l’exportation de 575 conteneurs. «Il y avait un manque à gagner de 60 milliards d’ariary pour l’Etat », note Calixte Randriamiandrisoa.

Si le prix de vente du bois de rose est d’environ 25 000$ par mètre cube, les 100 millions d’ariary (50 000$) perçus par conteneur qui a une contenance minimale de 30m3, soit une cargaison de 750 000$, paraît dérisoire sur le plan comptable. C’est toujours mieux que rien. L’alliance écologiste Voahary Gasy a fustigé l’objectif commercial de l’Etat dont le bénéfice dans l’exportation de bois de rose est trop cher payé sur le plan environnemental. Une gestion rationnelle et contrôlée à raison de 2 bois coups par hectare par an serait plus rentable que ce soit sur le plan comptable ou écologique.

Le premier ministre Eugène Mangalaza a demandé à tous les secrétaires généraux des ministères impliqués dans le task force que toutes les opérations en rapport avec l’exploitation des bois précieux soient définitivement suspendues. Le ministre de la HAT rappelle alors qu’il est toujours aux commandes du dossier. Albert Zafy, chef de mouvance a fustigé la gestion de la campagne d’exportation de bois de rose par le régime de transition de fait. Il propose de faire un grand déballage en invitant les acteurs étatiques concernés, le task force, les populations riveraines, les collectivités à révéler la vérité.

L’ancien président a évoqué des cas graves de corruption. « Les opérateurs réguliers tirent moins d’avantages que les exploitants irréguliers », résume-t-il. Dix personnes ont été mises sous mandats de dépôts et neuf autres arrêtées dernièrement à Mananara nord. Les gros bonnets n’ont pas été inquiétés. Zafy Albert a rappelé l’interrogation de Joaquim Chissano à l’endroit de la mouvance Rajoelina : « est-ce qu’il y a quelque chose que vous, dirigeants actuels, craignez d’être révélé, ce qui vous pousse à vous accrocher à votre poste ».