mercredi , 15 mai 2024
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La crise économique dans le pays risque-t-elle de provoquer une nouvelle crise institutionnelle. La HAT centralise désormais l’exécution du budget de l’Etat en matière d’investissement. Face à la baisse des recettes et la suspension des aides internationales, Andry Rajoelina gère par lui-même le peu de moyens dont il dispose, à savoir les 100 millions de dollars obtenus de la firme chinoise Wisco.

Le budget de l’Etat centralisé par la HAT, 100 millions USD pour tout faire

Désormais, toutes les dépenses d’investissement des ministères devront passer par la présidence. La raison en est simple, les ministères n’ont aucun budget alors que la présidence de la HAT dispose d’une enveloppe de 100 millions de dollars. Ce financement extérieur est de provenance chinoise, obtenu grâce à un inédit droit d’exploitation que la société Wisco devait s’acquitter avant de mettre la main sur les mines de charbons de Soalala. Résultat, les ministères ne seront que des maîtres d’œuvres car le vrai initiateur des projets d’investissements public sera le président de la HAT.

Propagande

L’on peut soupçonner Andry Rajoelina d’adopter cette gouvernance peu orthodoxe à des fins de propagande. Lui qui était persuadé de pouvoir diriger le pays comme un vrai président comptait réaliser des choses durant son mini mandat. L’absence de reconnaissance internationale et la défection des bailleurs de fonds en ont décidé autrement. Ces projets d’infrastructures avec un impact direct sur la vie des malgaches avaient été évoqués mais les financements attendus par la vente potentielle de l’avion présidentiel ou encore des riches investisseurs saoudiens se sont évaporés.

Avec l’argent chinois, le président de la HAT peut savourer sa revanche. Il dispose désormais d’un fonds d’appui pour les investissements publics. Les 100 millions de dollars sont gérés au niveau de la présidence qui aura donc le dernier mot sur le choix des projets à financer. « Ce que les autres n’ont pas fait durant des années, nous allons les réaliser en peu de temps », s’enorgueillit Andry Rajoelina.  Avec ce fonds, il compte réaliser son programme annoncé lors de son processus de prise de pouvoir comme la construction d’hôpitaux, de routes, d’infrastructures sportives… et quelques promesses électorales du temps où il était maire d’Antananarivo comme l’amphithéâtre d’Antsonjombe.

La mainmise du président de la HAT sur les investissements publics est sujette à caution par le simple fait qu’il s’agit d’un régime où les élus ont disparu de la surface. Jamais Madagascar n’aura connu un régime présidentiel aussi fort. La crise institutionnelle est évidente dans la manipulation des budgets de l’Etat. La HAT fait sa loi de finance et une autre pour la rectifier à son bon vouloir. La HCC risque de perdre le peu de crédibilité qui lui reste en validant la constitutionnalité de ces ordonnances qui donnent à une institution non reconnue sur le plan international et à une seule personne le plein pouvoir pour disposer de l’argent public.
 
Budget revu à la baisse

Sur le plan économique et comptable, la mesure est compréhensible. Le pouvoir doit se serrer la ceinture et la centralisation de l’exécution du budget permet de mieux contrôler, si on oublie que personne ne contrôle la présidence de la HAT. Le budget des ministères ont diminué de 40%. « Le budget de fonctionnement et les soldes n’ont pas été touchés », rassure Andry Rajoelina. Pour donner l’exemple, Ambohitsorohitra a aussi diminué son budget de 50%. Ce discours positifs ne cache pas la réalité des finances publiques au bord du gouffre.

Le budget 2010 a été revu à la baisse passant de 5200 milliards d’ariary à 4300 milliards d’ariary. La faute à une baisse des recettes en impôts, conséquence de la crise économique, évaluée à -200 milliards d’ariary et à la non obtention des 300 milliards d’ariary espérés des bailleurs de fonds. La baisse du budget d’investissements publics est la solution la moins douloureuse. La loi ou l’ordonnance rectificative des finances prévoit aussi les budgets pour l’organisation des élections et de la conférence nationale prévue dans l’accord politique d’Ivato. « Il y a déjà des statistiques et des estimations pour les dépenses électorales et la mise en place d’institutions », rassure le ministre des Finances Rajaonarimampianina. Une manière de dire que la HAT peut assurer l’essentiel.