La fin justifie certes les moyens mais la décision des autorités de la transition de fait à fermer l’espace aérien avec la Mozambique était de nature à provoquer un incident diplomatique. L’application de cette décision politique très controversée a été immédiate. Pour montrer leur détermination à exiler les dirigeants des autres mouvances et les chefs d’institution de la transition prévues par les accords de Maputo et d’Addis Abeba, les ministres sortants du feu gouvernement Roindefo II agissent avant de réfléchir.
D’abord le ministre des Transports Roland Ranjatoelina s’est caché derrière l’ACM (Aviation civile de Madagascar) à l’annonce de l’interdiction des aéronefs en provenance de Mozambique. La décision paraît technique. Harcelée par les médias, la directrice provisoire de l’organe de régulation des espaces aériens a fait tomber le masque. « Nous nous contentons d’appliquer un ordre venu d’en haut », dit-elle, rappelant que l’organe en question est sous tutelle du ministère des Transports.
Cette première mesure était un peu maladroite, aussi injustifiée qu’inefficace. Les délégations des mouvances politiques ont essayé de trouver un autre pays d’escale pour prendre une correspondance vers Antananarivo. Les autorités de Rajoelina ont alors défié la SADC en coupant l’interdiction avec les pays membres de cette organisation régionale. Cette « déclaration de guerre » en vaut deux. D’abord, la HAT s’assure qu’aucun pays de la région ne puisse servir d’aéroport d’embarquement pour les chefs de file de mouvances et les chefs d’institutions. Ensuite, Andry Rajoelina casse une bonne fois pour toutes l’influence ou l’implication de la SADC dans la crise malgache.
Pour la mouvance Rajoelina, la SADC est un obstacle, un médiateur défavorable qui naturellement a un penchant pour le président sortant Marc Ravalomanana. La généralisation de la fermeture de l’espace aérien avec les pays membres de la communauté de l’Afrique australe avait pourtant un incident sur les vols commerciaux, un problème qui n’avait pas lieu d’être au départ puisque qu’il n’y a pas de liaisons assurées entre Maputo et Antananarivo. Quid de Nairobi et Johannesburg.
Le ministre de la Sécurité intérieure, a tenté de rectifier le tir en visant directement et exclusivement quelque 25 politiciens. Organès Rakotomihantarizaka dédouane ainsi les journalistes et les accompagnateurs qui sont victimes de la mesure contre les membres de délégation des mouvances et les chefs d’institution de la transition. Mais voilà qu’une autre maladresse vient entacher la mesure. Cette dernière vise des politiciens craints par la HAT mais qui n’étaient pas à la rencontre de Maputo III. L’homme fort de Andry Rajoelina a dû rectifier son erreur sans pouvoir effacer la nature arbitraire de sa « note ».
En réponse à la provocation de l’administration Rajoelina, la SADC aurait annoncé de son côté la fermeture des espaces aériens des pays membres à tout avion de Air Madagascar. Les vols régionaux ayant déjà été sacrifiés par le gouvernement sans premier ministre, les liaisons avec l’Europe seraient partiellement compromises. Il faudra faire des détours qui risquent de peser lourd dans la rentabilité d’une compagnie nationale déjà malmenée par la crise.
Le Groupe international de contact pourra-t-il rétablir cette cacophonie en imposant le retour au pays des délégations, des chefs d’institutions de la transition et des trois chefs de file de mouvance. Les Ravalomanana, Ratsiraka et Zafy sont invités à la réunion de la dernière chance, qui est prévue cette fois-ci à Madagascar.