samedi , 4 mai 2024
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En 2014, le chantier de l’administration est vaste pour le nouveau président de la République, la décentralisation et la déconcentration des pouvoirs étant restées au stade des intentions. Le transfert des ressources de l’Etat à ses collectivités décentralisées est très faible puisque l’administration centrale bénéficie de 96% des dépenses. L’exercice de l’autorité de l’Etat et le respect du droit sont fragiles au niveau local. La foule fait justice elle-même et applique la peine de mort. L’administration malgache, fortement politisée, minée par le corporatisme et une gestion des ressources humaines archaïque, ne fournit pas un service de qualité pour les administrés.

Le défi de la bonne gouvernance, de la promesse à l’acte présidentiel

Hery Rajaonarimampianina a promis de mettre en place une bonne gouvernance afin de « rétablir la confiance des Malagasy à l’endroit de l’Etat à travers la restauration de l’autorité de l’Etat qui est indispensable au bon fonctionnement de la République, la loi républicaine devant s’appliquer sur l’ensemble du pays ». La réforme de l’administration est au cœur du programme du nouveau président : « Le service public en général doit être revu afin de retrouver ses lettres de noblesse au profit du contribuable tout en valorisant les fonctionnaires et les serviteurs de l’Etat en général ».

On attend du président Rajaonarimampianina qu’il mette en œuvre une réforme en profondeur de la gouvernance administrative qui consolide l’autorité de l’Etat et détermine toute politique publique. Cette autorité doit être présente au niveau local par des acteurs qui prennent en charge le développement de leurs collectivités. Le chef de l’Etat est attendu sur la mise en place de la décentralisation et de la déconcentration effectives sans calculs politiques. Il doit mettre à jour l’administration pour répondre aux besoins des administrés et intégrer tout ce qui est progrès en termes de méthode et de moyens.

L’aspect social du défi de la gouvernance consiste à réparer les dégâts de la transition en matière de santé publique et d’éducation. Entre la fermeture de 400 centres de santé de base et la constriction de 8 hôpitaux « manara-penitra », le choix politique a été fait. Le capital humain malgache n’est pas pour le moment mis en péril par la régression du secteur éducatif, notamment la déscolarisation de 600 000 enfants dans le primaire. Il est cependant hors de question de remettre ce chantier pour le prochain mandat présidentiel. La formation technique est un défi urgent afin répondre aux besoins des industries en main-d’œuvre qualifiée. L’adéquation des diplômes avec la réalité du marché du travail est un challenge.

L’un des facteurs qui empêchent le décollage économique de Madagascar est la vulnérabilité aux risques naturels. Sécheresses, inondations, cyclones, invasion acridienne et grêles sont des phénomènes inévitables et dont la gravité reste aléatoire. La capacité de réponse du gouvernement face à ces risques est donc essentielle pour sécuriser ses efforts dans la relance de la machine économique.

L’impuissance du gouvernement a été flagrante face à l’invasion des criquets en 2012 et 2013, mettant en péril 60% de la production agricole si les interventions ne sont pas réalisées à temps. Les 2 milliards d’ariary dépensés par le ministère de l’Agriculture est une goutte dans un océan de 43 millions de dollars nécessaires pour atteindre une phase de rémission avec 2 millions d’hectares traités sur trois ans. La crise alimentaire devrait être évitée à Madagascar.

Enfin, le climat d’insécurité mérite une solution immédiate et durable. Les attaques de banques et d’institutions financières ont des impacts négatifs sur l’environnement économique. Le président a fait de la sécurité urbaine une de ses priorités. Qu’en est-il de l’insécurité grandissante dans les zones rurales ? Les vols de zébus et le phénomène « dahalo » sont responsables de la récession dans de nombreuses régions. Ils ont repris de plus belle en 2014.

Selon Hery Rajaonarimampianina, « Ces mesures de bonne gouvernance doivent être accompagnées d’une justice impartiale, garantissant le respect du droit de chacun. Mais encore, il nous est nécessaire de vivre dans un environnement où la corruption est combattue à chaque niveau ». Les Malgaches un brin résignés sur ce sujet attendent que le président passe à l’acte.