vendredi , 3 mai 2024
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Alors que les grandes questions urgentes et vitales semblent totalement ignorées par les députés, l’Assemblée nationale s’apprête à accueillir un groupe parlementaire sorti de nulle part par le tout récent parti présidentiel, ainsi qu’un représentant de l’opposition forcément autoproclamé, car ne représentant pas une force politique au parlement.

Le HVM et ses opposants : les futurs intrus du parlement

On ne s’attendait pas forcément à cela, mais faut-il encore s’en étonner. Le parti présidentiel nouvellement créé était pressenti pour gagner la bataille des élections communales. Le Hery Vaovao ho an’i Madagasikara se montre vorace dans sa quête du pouvoir à tous les niveaux. Presque à la surprise générale, il présente à l’Assemblée nationale son groupe parlementaire alors que le parti créé fin mai 2014 n’a aucun député élu à son nom. Les premiers membres de ce groupe sont des députés indépendants qui avaient déjà rallié la Plate-forme pour la Majorité Présidentielle.

Un parti au pouvoir qui recrute des élus

Cette conquête post-électorale à l’Assemblée nationale continue à exaspérer le MAPAR. C’est totalement illégal, mais on ne s’en étonne pas, ça continue à faire du forcing », s’est indignée une parlementaire pro-Rajoelina. L’entrée en lice du parti présidentiel dans un parlement où il n’a aucun élu risque de fragiliser une majorité obtenue au forceps. Selon la loi, le député ne peut changer de groupe parlementaire durant son mandat. Par contre, un groupe n’est pas tenu à soutenir le président et le gouvernement sans pouvoir changer de position. Le président Rajaonarimampianina renonce à ce qui, selon lui-même, faisait sa force : le fait de ne pas être un homme de parti.

Une PMP éclatée expose le gouvernement Kolo Roger à une motion de censure, même si la fronde n’est pas forcément contre le président Rajaonarimampianina. A moins que le premier ministre, qui est membre du bureau politique HVM en tant que conseiller ne cède aux caprices des députés. Le ministre des Finances cherche une solution pour satisfaire les revendications, une rançon payée pour éviter une motion de censure. Les parlementaires de la Chambre basse se plaignent d’avoir moins d’avantages que les membres du CT et du CST du temps de la Transition. Sans la moindre honte, ils demandent à être exonérés de l’impôt sur le revenu et ont l’indécence d’exiger une voiture 4×4, de type V8 qui inspire le luxe, la puissance et le pouvoir.

En voulant acheter la fidélité des députés solidaires quand il s’agit de leurs privilèges, le gouvernement risque de soulever des mécontentements. Déjà, les enseignants du FRAM demandent à ce que le président réalise sa promesse pour créer des postes budgétaires. Les étudiants réclament leurs bourses impayées de l’année universitaire précédente, les forces armées attendent le fonds nécessaire pour envoyer une relève dans le sud dans le cadre de l’opération coup d’arrêt contre les vols de zébus…

Une faible opposition

En face, l’opposition n’existe pas encore à l’Assemblée nationale. Les députés sont tous partisans du président, même le MAPAR, mais agissent comme un seul homme contre le gouvernement pour défendre leur intérêt. Le siège du chef de l’opposition est toujours vacant. Il ne manque pas de prétendant, de par son importance protocolaire, ayant pratiquement un rang de chef d’institution. Comme aucun député ni groupe parlementaire ne veut briguer cette fonction politique, les petits partis sans élus et les habituels contestataires se manifestent.

Ainsi, l’ancien candidat à la présidentielle Tinasoa Freddy s’est autoproclamé chef de l’opposition. Son parti OBAMA s’associe avec DHD Madagasikara, Miami Madagasikara, Green Gasikara et Avotra ho an’ny firenena pour jouer un rôle officiel sur l’échiquier politique, critiquer le gouvernement et faire des propositions. Lalatiana Ravololomanana, l’éternelle opposante a été devancée, elle qui prépare encore un conclave des opposants pour avoir une seule vision et un représentant officiel. Elle, avec sa plate-forme d’opposition, ne reconnaît pas Tinasoa Freddy dont elle met en doute la légitimité au vu du score de celui-ci à la présidentielle. Jean Louis Robinson devait endosser ce rôle sauf que son parti Ny Avana n’a pas de député et les Zanak’i Dada, ex-mouvance Ravalomanana, qui l’avaient porté si près de la victoire ont décidé d’intégrer la Plate-forme pour la Majorité Présidentielle.