lundi , 20 mai 2024
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Dans la crise économique à Madagascar, on ne parle plus de signes avant-coureur mais déjà de solution pour en sortir. La chute de la valeur de la monnaie nationale est un mal avéré que des remèdes radicaux sont évoqués, comme la suppression du marché interbancaire de devises ou MID.

Le marché de devises menacé de fermeture pour arrêter la chute de l’ariary

C’est par une décision politique que le marché interbancaire de devises a été instauré, il n’est donc pas étonnant que le débat sur son éventuelle fermeture relève de la politique. Une fermeture rapide du MID permettrait de stopper artificiellement la chute de l’Ariary. Des voix se font aujourd’hui entendre pour encourager le gouvernement de la transition à avoir du courage politique et mettre fin à une structure préconisée par le FMI et la Banque mondiale. « Le problème est structurel », soutiennent ceux qui veulent un ariary fort à tout prix.

Une telle décision unilatérale de la part du gouvernement de Madagascar ne ferait pas plus mal à l’économie du pays, car les bailleurs de fonds ont déjà suspendu leur soutien envers la Grande Ile, telle est la position des anti-MID. La parité de l’ariary avec les devises de référence sera alors fixée selon la conjoncture économique. C’est un grand pas en arrière puisque le système de « flottement » a été instauré en 1994 par le premier ministre Francisque Ravony.

La dégradation de la valeur de l’ariary suscite autant de crainte que de mécontentement que l’idée d’une manipulation politique du MID est souvent soulevée. « Le marché du devise  est contrôlé par des banques étrangères, ces dernières ont la possibilité de baisser ou d’augmenter la valeur de la monnaie nationale à leur guise pour mettre en difficulté le gouvernement». Une hypothèse qui est purement politique vu que le MID est régi selon la simple loi de l’offre et de la demande et que la Banque centrale peut intervenir pour réguler le marché.

L’ariary a perdu près de 20% de sa valeur en trois mois de crise politique. L’euro est passé de 2300 à 2800 ariary. Paradoxalement, le gouvernement de transition annonce des baisses de prix tous azimuts relevant plus de la propagande économique que de véritable considération macroéconomique. Les PPN, l’électricité, les carburants, les transports sont sujets à ce petit miracle qui devra profiter aux consommateurs. Depuis que Madagascar est sortie de la zone Franc, sur une décision politique du président Ratsiraka dans les années 1980, l’ariary a perdu 2400% de sa valeur.