mercredi , 1 mai 2024
enfrit
Le camp du président sortant Didier Ratsiraka sème la terreur, en détruisant par-ci des ponts et en installant par-là des barrages qui entravent la libre circulation des biens et des personnes.

Le terrorisme s’installe

 » Terrorisme « , c’est sans doute le mot qui revient le plus dans le milieu politique et médiatique malgache au cours des
derniers jours à la suite du dynamitage du principal pont reliant Antananarivo au sud de l’île.
 » Trêve pascale  » fut une expression vaine. Peu avant le week-end de pâques, les partisans du président sortant Didier
Ratsiraka ont dynamité le pont dénommé Fatihita, à quelques centaines de kilomètres au sud de la capitale, afin de
couper la liaison entre la province d’Antananarivo et celle de Fianarantsoa, une province sur le point de passer sous le
contrôle de Marc Ravalomanana.
Alors que les habitants de la capitale malgache passaient la fête de pâques paisiblement, trois autres ponts ont été mis
hors d’état de fonction. Les pro-Ratsiraka, sous la caution du président sortant lui-même, les ont détruit pour rendre
effectif l’isolement de la région d’Antananarivo. Les actes pourraient être commis à peu près au même moment , mais il a
fallu la fin du week-end pascal pour que les habitants de la capitale s’en rendent compte. A la suite de la destruction de
ces quatre ponts, la province d’Antananarivo est complètement isolée. Les barrages sur la route nationale menant vers la
ville portuaire de Toamasina étant toujours maintenus.

Des solutions

Le gouvernement de Marc Ravalomanana se penche sur des solutions provisoires afin de rétablir au plus vite la liaison
routière entre la province d’Antananarivo et celle de Fianarantsoa. Un pont Bailey pourrait être installé sur le pont de
Fatihita selon une source officielle. Le ministre des travaux publics de Ravalomanana a en outre évoqué la possibilité
d’une déviation.
Ce 2 avril même, les regards sont braqués vers Fianarantsoa, au sud, où le président de la délégation spéciale nommé par
Marc Ravalomanana, et qui sera le premier responsable de la province, tente de prendre le pouvoir effectif. Une
cérémonie d’installation de Pety Rakotoniaina est programmée en présence d’une délégation gouvernementale venue
d’Antananarivo. L’enjeu est de taille, car le contrôle effectif de la province de Fianarantsoa par le camp de Marc
Ravalomanana pourrait changer radicalement la situation. La province de Fianarantsoa étant doté, à Manakara, d’un port.
Un port de moindre capacité par rapport à celui de Toamasina mais qui pourrait résoudre le problème
d’approvisionnement en carburants des régions des Hauts plateaux. Le port permettrait aussi de résoudre la question
des importations et exportations dont les entreprises souffrent actuellement. Le président du syndicat des Industries de
Madagascar ayant soutenu que, pour l’heure, 80% des problèmes des entreprises sont liées aux barrages érigés sur les
routes nationales.

Dénonciations

Les condamnations émanent de toute part à la suite de la destruction des ponts par les partisans de Didier Ratsiraka. La
société civile, la classe politique ainsi que le groupement des forces de l’ordre au sein de l’OMC-Nat ont publiquement
dénoncé ces agissements. Des noms de ministres de Didier Ratsiraka sont souvent cités.
En annonçant publiquement, à Antsiranana, au nord du pays, qu’il fait de la dissolution du gouvernement de Marc
Ravalomanana, une condition absolue d’un retour à la table des négociations, le président sortant Didier Ratsiraka
cautionne ces actes qui visent à isoler la province d’Antananarivo. Une province qui a voté massivement Marc
Ravalomanana à l’élection du 16 décembre à plus de 60% des suffrages exprimés. La capitale, Antananarivo qui, elle, a
voté Ravalomanana à 75%, est devenue l’ennemi N°1 de Didier Ratsiraka. Mais en l’isolant, le président sortant fait
autant de victimes dans les autres provinces du pays. La ville de Toamasina, le présumé fief politique de Ratsiraka, souffre
énormément, selon de nombreux témoignages. Les fruits et légumes se faisant de plus en plus rares. Et les prix de
moins en moins accessibles.