lundi , 29 avril 2024
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Après avoir peiné à étouffer la manifestation politique instantanée des opposants à l’autorité de fait, l’Emmo Reg du colonel Richard Ravalomanana a repris le dessus. La force de répression de tout mouvement de contestation promet des arrestations pour endiguer les troubles avec des justifications toujours aussi improbables. Elle remet la pression sur les leaders de l’opposition.

L’Emmo Reg en action : répression ou maintien de l’autorité

La force de dissuasion de la HAT ne serait plus la Force d’intervention spéciale de la présidence mais bel et bien l’Emmo Reg du prétendant général Richard Ravalomanana. Les forces de l’ordre ont été dépassées par les évènements, lundi 18 octobre 2010, n’ayant pas pu empêcher une manifestation des trois mouvances à Anosy puis à Ambohijatovo. La riposte du colonel Ravalomanana ne s’est pas fait attendre, mêlant propagande et dissuasion.

« On n’a pas fait trop d’effort pour faire des arrestations lundi », a-t-il déclaré pour expliquer le camouflet. L’Emmo Reg s’est contenté de négocier avec les leaders des trois mouvances dont Fetison Andrianirina pour faire évacuer la place de la démocratie dont l’interdiction est devenue plus que jamais le symbole de la dictature de l’autorité de fait.

Le fait d’armes du jour pour les soldats du colonel Richard Ravalomanana a été l’assaut contre les opposants qui s’étaient réunis au Magro Behoririka. En guise de répression contre la mise en place de « barrage » par quelques manifestants, l’Emmo Reg a délogé les partisans des trois mouvances Ravalomanana – Ratsiaraka et zafy de l’enceinte privée en ruine qui sert de lieu de réunion, à coups de bombes lacrymogènes.

Dispositifs d’arrestation

Le lendemain, l’Emmo Reg promet des arrestations très bien justifiées à la façon colonel Ravalomanana : « si on les arrête (les manifestants) c’est aussi pour leur propre sécurité, on évite qu’ils subissent le vindicte populaire comme les pickpockets ». Si ce n’est pas une incitation maladroite à un affrontement entre civils, c’est un petit affront à l’honneur des opposants politiques à l’autorité de fait. L’argument du colonel de la gendarmerie repose sur un mécontentement supposé des usagers des rues.

Pour faire l’exemple, l’Emmo Reg fait une démonstration de force. « Il faut tout faire pour arrêter ces personnes », prévient le colonel Richard Ravalomanana. Il rapporte que des unités spécialisées dans les arrestations sont déployées si des manifestations politiques ont encore lieu. La dite unité n’a pas manqué sa mission car aussitôt annoncée à la presse, elle a déjà arrêté un opposant.

L’Emmo Reg ne se limite pas à sa mission de maintien de l’ordre. Il est devenu malgré lui une police politique à la solde de l’autorité de fait. Antananarivo ressemble à nouveau à une ville assiégée par des militaires. Les patrouilles à pieds avec des hommes armées de kalachnikov et les éléments à bord des 4×4 pick-up avec leur arsenal sont là pour dissuader toute tentative de manifestation d’opposition. La place de la démocratie, la place du 13 mai et le Magro Behoririka sont surveillés par des hommes armées.

Le déploiement de force de l’Emmo Reg fait suite à une rumeur de répétition du lundi noir. Le 26 janvier 2009, les partisans du maire d’Antananarivo se sont rendus au tribunal d’Anosy pour mettre la pression sur le tribunal qui était en train d’entendre des étudiants arrêtés lors d’une manifestation. Andry Rajoelina avait alors incité la foule à venir les soutenir. Dans son discours, il avait aussi fait référence à la prise de la TVM et à l’enlèvement de MBS Radio et TV du terrain qu’elles louent à la mairie.  Résultat : les bâtiments de l’audiovisuel national ont été incendiés et saccagés par les manifestants pro-TGV. Le même sort a été réservé aux médias appartenant au président Ravalomanana. Le lundi noir avait continué par des pillages généralisés dans la ville.