vendredi , 17 mai 2024
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Le président de la Transition à Madagascar se voit contraint de faire face à plusieurs fronts. Les exilés politiques, en raison de la crise de 2002, qui ont commencé à retourner au pays, posent des conditions pour une meilleure collaboration au sein des institutions de la Transition.

Les « exilés » posent leurs conditions à Andry Rajoelina

Les hommes politiques détenus, pour différents motifs, durant la période de la présidence de Marc Ravalomanana ont été graciés par le président de la Haute Autorité de la Transition. Par essence, toutefois, une grâce n’efface que les peines encourues. L’insatisfaction n’a pas mis du temps à ressurgir chez les exilés, basés en grande partie en France depuis la chute de l’amiral Didier Ratsiraka en 2002, au terme d’une crise post-électorale.

Ces « exilés politiques » exigent, aujourd’hui, une amnistie générale des faits pour pouvoir se relancer dans la vie politique malgache et, surtout, afin de pouvoir participer à des nouvelles consultations électorales. Le retour à Madagascar des exilés, dont l’ancien Premier ministre Tantely Andrianarivo, l’ancien vice-Premier ministre Pierrot Rajaonarivelo et l’ex-président Didier Ratsiraka, semble acquis depuis la prise de pouvoir par Andry Rajoelina. Ce dernier est cependant « sommé » de rectifier certaines de ses actions. Pierrot Rajaonarivelo et Tantely Andrianarivo ont déjà proposé à Rajoelina de procéder à une amnistie générale des faits perpétrés lors de la crise de 2002. Rinah Rakotomanga, ancienne journaliste et conseillère de Tantely Andrianarivo, est arrivée à Madagascar et a déjà formulé la même proposition, tout en invitant Rajoelina de reconsidérer ses principaux collaborateurs au sein de la Transition.

En effet, il est difficile pour les exilés d’admettre leurs anciens tombeurs autour d’un président de la Transition en qui ils ont mis tout leur espoir. Sans citer nommément Norbert Ratsirahonana, ancien Premier ministre, ancien président de la Haute Cour Constitutionnelle, et ancien collaborateur de Marc Ravalomanana, Rinah Rakotomanga lui a suggéré de « partir maintenant à la retraite ». La conseillère de Tantely Andrianarivo a tenu à spécifier que Ratsirahonana était parmi ceux qui ont suggéré à Ravalomanana, en 2002, de refuser d’amnistier les politiciens condamnés au terme de la crise politique.

Il est pourtant difficile pour Andry Rajoelina de se débarrasser de cet « allié » encombrant aux yeux des exilés. Ratsirahonana est bien le principal artisan de l’ordonnance de transmission des pleins pouvoirs à Andry Rajoelina par les officiers du directoire militaire mort-né auquel Marc Ravalomanana a transmis les mêmes pouvoirs, après la dissolution de son gouvernement. La complicité entre les deux hommes est un secret de polichinelle depuis que Ratsirahonana a vendu sa chaîne de télévision Ravinala à Andry Rajoelina qui l’a rebaptisée Viva Tv, et depuis que des membres du parti AVI, fondé par le même Ratsirahonana, ont étroitement collaboré avec Rajoelina au sein de la mairie de la capitale.

Depuis le 2 avril, Rinah Rakotomanga participe aux Assises nationales organisées par le pouvoir de Transition à Madagascar. Elle représente les « exilés » qui désirent reprendre leur place au soleil. Andry Rajoelina aura sans doute du mal à concilier leur désir à celui de ses collaborateurs actuels. Ces derniers, dont Ratsirahonana, constituent effectivement, en 2002, les principaux tombeurs de Ratsiraka et de ses « amis ». Rajoelina devra ainsi marcher sur des œufs. On se demande comment il procédera pour satisfaire les exigences des uns et, dans le même temps, pour ne pas décevoir les ambitions des autres.