jeudi , 2 mai 2024
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A part les personnalités politiques qui ont des responsabilités importantes dans le régime de transition, des militaires font aussi partie de la liste des sanctionnés établie par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine. Le coup d’Etat et la gestion de la transition seraient bel et bien militaro-civils.

Les militaires de la HAT ciblés par la sanction politique de l’Union Africaine

L’armée ne fait pas de diplomatie, c’est ainsi qu’un officier supérieur du CAPSAT explique le coup de force sans coup de feu à l’épiscopat Antanimena, le 17 mars 2009. Un an plus tard, c’est un militaire qui est nommé ministre des Affaires Etrangères de la HAT. Hyppolite Ramaroson est en toute logique le numéro un des officiers sanctionnés par le groupe international de contact. Sa qualité de membre du gouvernement, en tant que ministre des Affaires étrangères, et ses récentes activités diplomatiques avant la démission de Ny Hasina Andriamanjato le met en ligne de mire. L’intéressé ne s’émeut pas de cette sanction, estimant que l’horizon diplomatique de la HAT est encore ouvert vers d’autres pays non africains. 

Le vice-Amiral d’Escadre Hyppolite Ramaroson a été celui qui a lu le communiqué des trois membres du directoire militaire du 17 mars 2009. De leur propre gré sous la menace les généraux ont signé le document passant le pouvoir à Andry Rajoelina. Le général Ranto Rabarisoa était aussi là. Il fait partie de la liste des sanctionnés en tant que président du Conseil militaire de défense nationale. Tous les officiers membres de cette petite institution de la HAT sont par ailleurs dans le collimateur du Groupe international de contact.

Le héros du 17 mars est sans conteste le lieutenant-colonel Andrianasoavina, jadis le fameux « commandant Charles ». Il était le seul à menacer d’utiliser son fusil, une kalachnikov bien sûr. La résolution par la force a été celle du caractère et des gros bras pour malmener l’infortuné Pasteur Rasendrahasina qui était comme une brebis entourée de loups affamés. D’Antanimena à Soanierana, au camp du CAPSAT, l’officier a agi en héros de guerre, pour que le directoire militaire passe le pouvoir à Andry Rajoelina.

Le lieutenant-colonel  Charles Andrianasoavina est sanctionné par le GIC en tant que commandant de la Force d’intervention spéciale, la police politique de la HAT. Cette responsabilité, il la partage avec le lieutenant-colonel René Urbain Lylson. Protagoniste des événements du 17 mars 2009, le « commandant Lyson » a été appelé en secours par le Vice-amiral Ramaroson pour une opération de dégagement.  A la tête du bras armé de la HAT, il fait logiquement partie de la liste.

Les anciens colonels mutins qui ont appuyé le coup d’Etat ont été récompensés par Andry Rajoelina. Aujourd’hui tous généraux, ils ont de hautes responsabilités, brûlant la politesse aux plus anciens et aux plus compétents. Les généraux Noël Rakotonandrasana, ministre de la défense de la HAT, André Ndriarijaona, chef d’Etat-major de l’Armée, Bruno Razafindrakoto, commande de la gendarmerie nationale et Viennot Zafera, commandant de la Force d’intervention de la gendarmerie nationale, sont ciblés par la sanction du GIC.

Inattendu mais pas si étonnant que cela, le colonel Richard Ravalomanana, commandant de la circonscription régionale de la gendarmerie est aussi sanctionné. Il paie peut-être un excès de zèle médiatique qui lui donnait l’image de celui qui est chargé de mater l’opposition. Il se sent honoré par cette attention. « Je ne croyais pas être quelqu’un d’important », ironise-t-il, ajoutant que cela ne lui fait rien de ne pas pouvoir aller à l’étranger car il n’a même pas les moyens de passer des vacances en famille à Nosy-Be.  L’homonyme de l’ancien président qualifie les sanctions du l’UA et du GIC d’acte de « terrorisme ». Il met en garde la communauté internationale de ne pas inciter les responsables du pays à faire ce qu’il ne faudrait pas.

Le premier ministre Albert Camille Vital est un colonel à la retraité mais ce détail ne compte pas vu que cette fonction politique oblige à porter la tenue civile. Il est la preuve que le motif principal des sanctions n’est pas la prise du pouvoir mais le blocage de l’application de l’accord signé par Andry Rajoelina pour la mise en place d’une transition consensuelle  et inclusive. Ces sanctions sont de nature… politique.