mardi , 7 mai 2024
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La bonne affaire, le pactole, les superlatifs fusent pour qualifier le précontrat sous forme de mémorandum entre le gouvernement de transition et un groupe d’investisseurs saoudiens. Marc Ravalomanana a émis une réserve sur ce qu’il décrit comme un accord établi avec un Etat illégal.

Les pétrodollars saoudiens comme financement transitoire

La HAT essaie de faire passer les saoudiens pour de bons samaritains. C’est effectivement le cas, sauf que le réel bénéficiaire n’est pas la population malgache mais un régime de transition en manque de reconnaissance internationale et surtout dépourvu de moyens financiers en raison de la suspension des aides budgétaires. Les investisseurs saoudiens ont fait part de leur intention d’injecter 2 milliards dollars dans le pays.

Ce n’est pas « un financement parallèle mais un investissement à outrance », se défend le premier ministre de la transition. Monja Roindefo essaie d’éviter la foudre des partenaires financiers et bailleurs de fonds traditionnels de Madagascar. En tout cas, si l’Etat malagasy récupère 10% de cette somme investie, soit 200 millions de dollars, il peut survivre le temps de la transition. Cette manne saoudienne permettra à Andry Rajoelina de tenir tête à l’ensemble de la communauté internationale qui refuse de reconnaître sa haute autorité autoproclamée.

Bien que les recettes de l’Etat, impôts et droits de douanes, soient à peu près l’équivalent de ce qui a été perçu à la même période en 2008, le trésor public reste sur la corde raide en se passant des aides budgétaires qui représentent les deux tiers du budget. Cette ressource locale serait suffisante pour le fonctionnement puisque l’administration se serre la ceinture et les fonctionnaires ont été privés de certains avantages.

Sans l’appui étranger, les programmes d’investissements publics et autres projets de développement sont en suspens. La HAT ne veut pas logiquement être taxée d’avoir mis le pays dans un bourbier. La recherche d’autres financements est une priorité face à la frilosité des bailleurs de fonds. Un gros investissement est présenté comme un oxygène pour l’économie mais aussi comme un signe de reconnaissance émis par une partie de la communauté internationale.

Marc Ravalomanana a mis en garde les investisseurs saoudiens et toute autre multinationale sur la légalité et la validité de d’un accord signé avec un régime illégal à Madagascar. « Il n’y a aucun intérêt pour Madagascar » a-t-il affirmé. Monja Roindefo quant à lui espère la création de nouveaux emplois pour relancer l’économie. Les pétrodollars pourraient aussi rééquilibrer le marché des devises en faveur de l’ariary qui a dégringolé depuis l’avènement de la transition.

Certains analystes se méfient de la générosité des saoudiens suspectés de vouloir faire du « dumping » et vendre à perte des produits de première nécessité pour appâter le gouvernement de transition adepte du populisme économique. L’intérêt des princes du pétrole ne peut qu’être ailleurs. A part la construction d’une raffinerie à Madagascar, ceux-ci pourraient être tentés par l’exploration pétrolière et concurrencer les compagnies occidentales opérant déjà à Madagascar.