dimanche , 5 mai 2024
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Après six ans, les langues se délient, les difficultés rencontrées par l’équipe au pouvoir poussent davantage les anciens dirigeants à l’audace. Dorénavant, ils évoquent l’éventualité, un jour, d’un hypothétique retour au pouvoir.

Les proches de Ratsiraka parlent de «possible» retour au pouvoir

L’ancien parti au pouvoir, l’Arema, a du mal à réconcilier ses membres mais ses têtes pensantes envisagent malgré tout l’éventualité d’un retour au pouvoir. Ce n’est toutefois pas gagné d’avance. L’ancien président de l’Assemblée Nationale, Ange Andrianarisoa, figure parmi ceux qui y croient sérieusement.

De fait, l’Arema devra d’abord parvenir à rassembler tous ses militants. L’ancien parti au pouvoir n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Deux factions se rivalisent pour diriger le parti. La démission, en 2007, du Secrétaire National du parti, Pierrot Rajaonarivelo, n’a fait que renforcer le clivage, poussant une aile proche de cet ancien numéro 1 du parti à se constituer en groupe de direction. C’est dans cette optique que Pierre Houlder a été poussé par une poignée de militants pour assumer la fonction de Secrétaire National par intérim. Son autorité est cependant réfutée par les vieux briscards du parti de la même génération que Didier Ratsiraka, le principal fondateur en exil en France depuis la chute de son régime en 2002.

Après des années de mutisme, Didier Ratsiraka est intervenu récemment sur la chaîne privée, TV Plus, pour une mise au point. L’ex-président devait alors affirmer qu’il n’a jamais mandaté Pierre Houlder à diriger le parti alors que celui-ci était en train de préparer un « congrès national ». L’intervention de Ratsiraka a fait tomber à l’eau l’initiative de pierre Houlder. Ce dernier s’est limité à organiser une journée de réflexion. Aujourd’hui, l’autre faction de l’Arema évoque en tout logique la possibilité d’une réconciliation au sein du parti.

Les militants Arema estiment qu’il est temps de penser à une reconquête du pouvoir. A quatre ans de la fin du second mandat de Marc Ravalomanana, l’espoir paraît complètement déplacé. D’autant que les dirigeants du parti n’ont plus a priori la moindre chance d’un éventuel mandat électif après une série de condamnation de la Justice malgache. Didier Ratsiraka lui-même est concerné, ainsi que Pierrot Rajaonarivelo et Tantely Andrianarivo, respectivement anciens vice-Premier ministre et Premier ministre sous l’ère Didier Ratsiraka.

Pourquoi alors ce regain d’espoir ? Les difficultés rencontrées par Marc Ravalomanana y sont pour quelque chose. D’abord, la défaite du parti présidentiel TIM lors des communales dans la capitale, est considérée comme un signe positif de possibilité de victoire sur Marc Ravalomanana. En outre, la nouvelle équipe au pouvoir a du mal à promouvoir un réel développement économique et à résorber la pauvreté. Depuis l’accession de Marc Ravalomanana au pouvoir, le taux de pauvreté n’a pas réellement évolué en effet. Et la cote de popularité du président, il est vrai, n’est plus celle de 2002. Voilà de bonnes raisons d’y croire pour les ex-dirigeants. En quatre ans pourtant, beaucoup de choses peuvent se passer encore. Marc Ravalomanana vient de lancer la réorganisation du parti présidentiel. Des nouvelles têtes dirigent actuellement le parti. C’est dire qu’il pense à une réelle reconquête de l’opinion publique. Et puis, la classe politique s’est renouvelée depuis 2002. Des jeunes loups aux dents longues ont fait leur apparition tandis que d’autres se préparent déjà en coulisse. L’après-Ravalomanana ne sera pas nécessairement ainsi favorable aux partisans de Didier Ratsiraka.